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Saviez-vous qu’il y a exactement 60 ans, on a développé à Minsk sur une voiture de sport ? Ce n’est pas une blague. Dans les années 1950, l’URSS a connu un véritable boom pour les voitures de courses, et en a conçu des dizaines pour participer à des compétitions aussi bien dans l’Union qu’à l’étranger. Bien entendu à l’époque, l’attention du public se concentrait sur les ingénieurs soviétiques qui travaillaient dans le domaine spatial et se préparaient à lancer le premier homme en orbite. Mais les experts de l’automobile ne restaient pas inactifs.

Par exemple en 1954, une équipe dirigée par Igor Okounev a présenté un moteur à soupapes en tête avec un bloc cylindres en aluminium. Par la suite, ce moteur a été utilisé sur les Moskvitch de course. Avec une cylindrée de 1 litre, il développait la puissance impressionnante de 40 chevaux pour ces années. Ce fut une véritable avancée pour l’URSS. Un peu plus tard, en 1957, on a commencé à travailler sur une voiture de course dans la République socialiste soviétique de Biélorussie. Cette voiture reçut d’ailleurs le moteur de la Moskvitch. C’est de cette voiture méconnue que nous allons maintenant vous parler.

Mais revenons tout d’abord en occident et plus précisément en Italie. En 1955, lors de la célèbre course des Mile Miglia, le Britannique Stirling Moss, alors âgé de 26 ans, laisse derrière lui tous ses rivaux et coupe la ligne d’arrivée au volant de la cultissime Mercedes-Benz 300 SLR. Ce n’est pas la seule victoire que le pilote a remporté pour l’équipe allemande cette année-là. Il a également été sans rival à la Targa Florio (qui se déroula en Sicile jusqu’en 1977). La Mercedes-Benz 300 SLR est devenue l’une des voitures de course les plus remarquables de tous les temps.  

Mais pourquoi parler d’une Mercedes-Benz dans un article consacré à une voiture de course fabriquée à Minsk ? Tout simplement parce que c’est cette 300 SLR qui a poussé les ingénieurs soviétiques à créer la seule voiture dans l’histoire de MAZ (qui est rappelons-le un constructeur de camions et d’autobus !). Si aujourd’hui, le constructeur biélorusse lorgne sur les Mercedes et essait de concurrencer les productions allemandes, il y a 60 ans il a examiné les solutions adoptées sur la voiture de course de Stuttgart. N’est-ce pas là l’ironie du destin ?

Peu de gens se rappellent donc aujourd’hui qu’au milieu du siècle dernier une voiture à deux places figurait au portefeuille de MAZ. Deux prototypes roulants de ce modèle ont été construits et ont même participé à des compétitions (bien qu’ils n’aient pas obtenu de résultats élevés).

On dit que ce roadster MAZ a été évoqué pour la première fois en 1955. Mais il a fallu deux années pour voir le projet se concrétiser. En 1957, plusieurs réunions ont eu lieu entre la direction du bureau d’études de MAZ et les représentants de l’Institut NAMI dans la capitale de la RSS de Biélorussie. Ils ont discuté de la création d’une voiture de sport dans une catégorie avec des moteurs allant jusqu’à 1,6 litre de cylindrée. Ce modèle était censé participer à des courses sur circuits. De fait c’était une Gran Turismo à la soviétique.

Les ingénieurs avaient pour tâche de construire une voiture de course avec un centre de gravité bas, un bon aérodynamisme et une stabilité exceptionnelle en virage. En d’autres termes, il était nécessaire de faire quelque chose ressemblant à une Mercedes-Benz 300 SLR, mais moins chère et pour une catégorie inférieure (l’Allemande avait le 3 litres de la monoplace de Formule 1 W196). C'est cette voiture qui allait porter le nom de MAZ-1500.

Bien entendu, l’Usine Automobile de Minsk ne disposait pas d’une plate-forme adaptée pour une voiture de ce type. Le châssis et le cadre tubulaire ont été conçus en partant de zéro même s’ils utilisaient certains composants en provenance d’autres voitures soviétiques. La structure était composée de tuyaux dont le diamètre n’excédait pas 2,5 cm. Cela avait permis d’alléger au maximum la voiture tout en maintenant la rigidité de torsion dans les normes requises par la réglementation sportive.

Pendant que les ingénieurs de MAZ travaillaient sur la partie technique de leur futur « athlète », NAMI a conçu la carrosserie. Il fallait trouver la forme la plus épurée, de sorte qu’à grande vitesse l’aérodynamique ne fasse pas de mauvaise farce à cette voiture de course. Après plusieurs maquettes en gypse, les concepteurs ont commencé à travailler sur la carrosserie finale en fibre de verre.

Pour optimiser la répartition du poids et plaquer la voiture au sol, les éléments les plus lourds ont été placés en porte à faux avant et arrière. Derrière la calandre on pouvait entrevoir les radiateurs d’eau et d’huile. Immédiatement derrière eux, se trouvait le système de freinage. Ce n’est pas l’endroit habituel pour ce type d’éléments mais cela avait aussi permis de réduire les masses non suspendues. Le moteur a été légèrement reculé dans l’empattement.

Le réservoir d’essence de 80 litres était placé derrière les sièges, juste au-dessus des roues arrière. Au-dessus, on trouvait la roue de secours, attribut nécessaire des voitures de course de l'époque. De ce fait, la répartition du poids était proche de l’idéal : 48% sur l’essieu avant, 52% sur l’arrière. A vide, cette voiture de sport atteignait 730 kg.

Le long capot dissimulait le moteur de la Mosvitch-407, qui venait à peine de faire son apparition sur le marché. C’était un 4 cylindres de 1,360 centimètres cubes. Les ingénieurs avaient augmenté le taux de compression à 8,5. Il était donc nécessaire d’utiliser de l’essence AI-93. Ce moteur était également équipé de quatre carburateurs horizontaux K28-B provenant d’une moto IZH-49. Conçu pour des monocylindres de 1,000 cm3, ce carburateur était idéal pour alimenter chaque cylindre du moteur Moskvitch.

Grâce à ces modifications, ce moteur était plus volontaire et réactif. Le moteur de série développait 45 ch à 4,500 tr/min et sur la MAZ de course, il faisait 60 ch à 5,000 tr/min ! La boîte de vitesses était également empruntée à la Moskvitch mais le levier de vitesse était plus court. La MAZ-1500 avait également récupéré la suspension avant de la Moskvitch-407 avec en plus une barre stabilisatrice. Les roues arrière étaient soutenues par des bras tirés. Certaines pièces provenaient également de chez GAZ, comme par exemple le radiateur d’huile.  

En 1959, les deux prototypes mentionnés ci-dessus étaient prêts. Les MAZ-1500 ont subit différents tests et durant les années 1961 et 1962, elles ont participé à plusieurs compétitions. Leur meilleur résultat est une 5ème place au championnat de l’URSS. En 1963, la catégorie des voitures de courses à moteur Moskvitch a été supprimée et on a fini par oublier les MAZ-1500. Ne restent que les articles publiés par la presse soviétique - et même allemande et italienne - de l’époque…

Lu sur : https://auto.onliner.by/2018/11/20/maz-94
Adaptation VG

Tag(s) : #Histoire, #MAZ, #MAZ-1500, #Sport, #URSS