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La première et seule voiture soviétique aux Etats-Unis a longtemps été une Pobeda, ramenée de Finlande par Stanley Slotkine, un Américain originaire d’Odessa. Depuis la situation a radicalement changé. Les voitures de l’ex-URSS semblent aujourd’hui à la mode aux USA. Mais qui achète ces voitures au pays de l’Oncle Sam, pourquoi et comment ? Pavel Souslov, qui  s’occupe d’un blog sur les voitures russes en Amérique, nous explique tout.

C’est difficile à croire, mais les voitures soviétiques aux Etats-Unis ne sont pas un simple phénomène local mais un mouvement naissant. Les plus grands clubs de voitures russes se trouvent à Seattle, où il y a même un musée,et à Los Angeles (« CCCP Garage »). Mais on voit aussi régulièrement des voitures à New-York, à Chicago, Miami, Portland et dans d’autres villes.

Il est intéressant de noter que les propriétaires de ces voitures sont dans 90% des cas des immigrants originaires de Russie et des pays de la CEI et que les 10% restant ne parlent même pas le russe ! L’un des représentants les plus connus de ce mouvement rétro inhabituel s’appelle Alexeï Borisov. C’est lui qui a fondé en Californie le club « CCCP Garage ». Au départ, il a acheté un UAZ-469 à San Francisco et maintenant il possède aussi une VAZ-2106, un GAZ-69 et un moto K-750.

Lors du dernier rassemblement organisé à Los Angeles, le « CCCP Car Show », ce ne sont pas moins de 18 voitures qui ont été réunies. Chaque mois, la liste des membres du club augmente. Et, il faut noter que les propriétaires de ces Volga ou Jigouli n’hésitent pas à participer régulièrement à des manifestations de voitures classiques où la technique soviétique, inhabituelle dans le pays, est l’objet de toutes les attentions.

Il est pourtant difficile de surprendre les Américains avec des voitures de collection. Le pays compte de nombreuses raretés, de la Ferrari 250 GTO aux traditionnels hot-rods. Mais les voitures soviétiques provoquent encore beaucoup d’interrogations.Dans la rues les gens réagissent particulièrement aux UAZ : un passionné américain les a même comparés aux bus scolaires américains. Même sièges inconfortables en cuir artificiel, plancher en métal et suspension rigide qui vous font parfois sauter au plafond !

Les gens sont souvent surpris par l’absence de porte-gobelets qui ont souvent été installés sur les voitures américaines depuis les années 50. Ils ne peuvent pas comprendre qu’en URSS, il n’y avait tout simplement rien à mettre dedans et que même aujourd’hui en Russie on est loin de trouver des Starbucks à tous les coins de rue ! Autre surprise, l’absence sur certains modèles d’appuie-têtes. Certains, gloussant nerveusement, se demandent aussi si ces voitures ont des airbags...

Globalement, les passants réagissent aux voitures soviétiques de manière inattendue. Certains traversent les quatre voies de circulation sans se soucier de règles de sécurité pour venir poser quelques questions : « C’est une Chesterka, non ? On en avait une chez nous dans les années 80 et on allait avec à la datcha ! ».

Les voitures soviétiques arrivent sur le territoire des Etats-Unis de différentes manières. Certaines d’entre-elles viennent du Canada, où divers modèles ont été importés jusqu’en 1997 comme par exemple les Lada Niva, Samara et  Jigouli 2106/2107. Mais un grand nombre de voitures sont livrées directement de Russie, d’Ukraine, de Biélorussie, de Lituanie et d’autres pays. Les voitures entrent par les ports de Los Angeles, San Francisco, New-York et Miami et ne sont, hélas, pas toujours en bon état. Par exemple, le premier GAZ-66 du pays est arrivé récemment en Californie. Ce camion avait été entièrement restauré en Biélorussie mais les sièges ont été retrouvés complètement lacérés… Visiblement les douanes cherchaient quelque-chose !

Le prix des voitures soviétiques aux Etats-Unis varie considérablement selon l’état et l’appétit du vendeur. Les prix d’une Jigouli en état concours commencent à 8,000 dollars, livraison et dédouanement compris et peuvent aller jusqu’à 27,000 dollars. C’est en tout cas à ce prix que s’affiche actuellement une VAZ-2105 en vente dans le Massachusetts ! Le même vendeur propose un LuAZ, une ZAZ-968 et même une Moskvitch-2141 Aleko. On ne sait pas qui peut acheter à de tels prix ces chefs-d’œuvre de la production automobile soviétique, mais la pratique montre que tôt ou tard, ils trouvent un acheteur.

Le plus souvent, ces voitures doivent encore être réparées et dans la plupart des cas, elles sont bichonnées par des mécaniciens qui travaillaient sur ces voitures à l’époque de l’URSS, avant d’immigrer aux USA. On trouve ainsi des spécialistes de la restauration intérieure, de la peinture et de la mécanique. Il ne sont pas beaucoup à Los Angeles mais suffisamment pour s’occuper des voitures du club « CCCP Garage ». Pour les garages américains, les voitures soviétiques sont trop spécifiques et il faut connaître les subtilités de leur entretien.

Le sort des voitures soviétiques aux USA semble aujourd’hui bien rose, comme jamais il ne l’a été. Dans un pays avec une telle culture automobile, posséder une voiture venue d’URSS revêt un caractère de mystère et d’exclusivité. Qui sait ,cela va peut-être se transformer en nouvelle mode ?

Lu sur : https://motor.ru/stories/sovietcarsinus.htm
Adaptation VG

Tag(s) : #USA, #URSS, #Manifestation, #Club, #Anecdote