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Les voitures de sport de la PRL.

A l’époque de la PRL (la République Populaire de Pologne), posséder une voiture particulière était un véritable défi. Si on tient compte de cette réalité il n’y avait donc pas de place, dans le pays, pour une voiture de sport. Pourtant, ce type de véhicule a été conçu, fabriqué et même commercialisé dans la PRL.

Ce n’est pas la fête du travail que les ingénieurs de la Fabryka Samochodow Osobowych (FSO) célèbre le 1er mai 1960, mais la présentation de la plus belle voiture de l’histoire de la PRL. La Syrena Sport était une deux places à la carrosserie terriblement sexy. A priori, le compartiment moteur avait été spécialement dessiné pour ne pas pouvoir accueillir le moteur d’origine de la Syrena. Un moteur si ridicule qu’on le surnommait « motopompe ». Pour ce prototype on avait donc conçu un moteur quatre temps de type boxer d’une cylindrée de 0,7 litre et développant 25 chevaux. Dans ces conditions, il n’est pas étonnant que la vitesse maxi se limitait à 110 km/h. La Syrena Sport partageait avec la Syrena de série de nombreux éléments (suspension, transmission et phares avant) et avait été construite presque entièrement à la main. Ce prototype n’avait pourtant aucune chance d’atteindre le stade de la production en série. A l’époque, les autorités pensaient que dans un système socialiste, la majorité des citoyens pouvaient se contenter d’un système de transports urbains efficaces et bon marché.

Le peu de voitures produites par le pays était destiné aux citoyens proches des hautes sphères ou aux travailleurs méritants. La voiture de sport n’avait donc pas sa place à jouer. Le prototype de la Syrena Sport a survécu jusqu’aux années 70, puis une commission spéciale a pris la décision de le détruire complètement. Il ne semble toutefois pas que cette décision ait été prise parce qu’elle pouvait symboliser le mode de vie de la bourgeoisie occidentale. Le pays avait pris depuis la décision de produire des voitures sous licence étrangère. De nos jours, de nombreux passionnés considèrent la Syrena Sport comme la plus belle voiture jamais construite au-delà du rideau de fer.

La Polski-Fiat 125p a fortement marqué les années 70 par sa présence dans le plus grands rallyes mondiaux. Les équipages polonais à bord d’exemplaires de série plus ou moins préparés participaient, non seulement à des rallyes nationaux, mais aussi à des épreuves aussi prestigieuses que le Monte-Carlo (dans la première moitié des années 70, les PF 125p y ont fait bonne figuration sans toutefois monter sur le podium) ou le Rallye de l’Acropole (11ème place en 1972). Cependant le plus grands succès sportif de la Polski-Fiat 125p est un extraordinaire record de vitesse. Il a eu lieu en juin 1973 sur un tronçon d’autoroute près de Wroclaw. Les pilotes suivant y ont participé : Sobieslaw Zasada, Andrzej Jaroszewicz, Marek Varisell, Robert Mucha, Ryszard Nowicki, Andrzej Arominski i Jerzy Dobrzanski. Ils conduisaient une voiture légèrement modifiée (moteur de 85 chevaux avec une autre type de bougies d’allumage, huile de meilleure qualité, suspension légèrement améliorée, embrayage et freins renforcés, boîte cinq vitesses et sièges avec appuie-têtes). Trois records mondiaux de vitesse ont été battus. Cet exploit a été diffusé à la télévision et l’on a même tourné un film documentaire intitulé «Ballada o fiacie i siedmiu wspanialych » (la balade de la Fiat et des sept grands). La voiture a parcouru 25 mille kilomètres à la vitesse moyenne de 138,08 km/h (le précédent record,
117,6 km/h était détenu par une Simca Aronde), 25 mille miles à 138,18 km/h (Ford Cortina, 118,5 km/h), et 50 mille kilomètres à 138,27 km/h (Simca Aronde, 117,2 km/h). Jusqu’à présent, personne n’a battu les Polonais dans ces catégories.

Ces différents succès sportifs n’ont pas seulement été célébrés avec des millions d’autocollants (tout le monde en Pologne en a eu entre les mains) mais aussi par deux versions spéciales de « Kanciak » produites en 1974. Le modèle Monte Carlo avec un moteur 1,6 de 98 ch et le modèle Akropolis un moteur 1,8 de 105 ch. C’était vraiment quelque chose ! Les deux modèles disposaient d’un petit volant trois branches recouvert de cuir et d’un compte-tour. A l’extérieur, le caractère exceptionnel de ces véhicules était renforcé par une bande noire soulignée de blanc sur laquelle s’inscrivaient fièrement les mots « Monte Carlo 1600 » ou « Akropolis 1800 ».

Pourtant dans les années 70, les ingénieurs polonais ne se satisfont pas des succès de ces voitures fabriquées sous licence italienne. Ils veulent aussi créer leur propre voiture de sport. La première tentative intéressante est le prototype Fiat 125p Coupé. Quand il est montré pour la première fois au public en 1971, on murmure qu’il s’agit d’un concept-car italien conçu pour nous convaincre de prolonger le contrat de licence. Pourtant il s’agit d’un prototype purement polonais ! Ce coupé deux portes à l’aspect solide pouvait accueillir 4 personnes et faisait preuve d’innovation en matière de sécurité. Les sièges avant avaient des appuie-têtes intégrés et on trouvait un tableau de bord et un volant plus sûrs en cas de choc. Ce prototype n’a jamais été testé sur route mais ses concepteurs assurent qu’avec son moteur 1,5 de 90 chevaux et un poids de moins de 1 tonne, il pouvait atteindre une vitesse de 170 km/h. De nombreuses solutions techniques développées sur ce prototype ont été reconduites sur des modèles de série.

Trois ans plus tard, lors de l’exposition organisée à l’occasion du trentième anniversaire de la PRL (c’était alors la coutume de fêter ce genre d’évènement), les ingénieurs de FSO ont montré un autre prototype que l’on pouvait aussi croire dessiné par les occidentaux. Le modèle 1100 Coupé était basé sur différents modèles de Fiat (produit sous licence ou non) et se distinguait par sa carrosserie futuriste. Sa forme en coin rappelait la Lotus Esprit et donnait l’impression que son moteur faisait plusieurs centaines de chevaux. Il n’en était rien. Son quatre cylindre idéalement placé en position centrale faisait à peine 1,1 litre de cylindrée et développait 55 chevaux, si bien que sa vitesse maximale n’excédait pas les 140 km/h. Ce prototype se distinguait aussi par ses sièges baquets et son très original essuie-glace monobras à cinq vitesses de fonctionnement.

Le modèle suivant dans la liste est la Fiat 127p, un modèle qui a cette époque en Pologne a joué un rôle identique à celui des petites GTI en occident. Avec sa jolie silhouette à deux portes, un bon moteur et son caractère fonctionnel, elle est devenue l’objet de rêve de bon nombre de conducteurs. On ne pouvait l’acheter qu’en dollars ou en bons d’épargne de la banque PKO. Dans les années 80, elle coûtait l’équivalent de 3,800 dollars, une somme énorme obtenue après de nombreux mois d’économies. En Pologne, elle a été assemblée par périodes entre 1971 et 1987. La Fiat 127p a connu son moment de gloire dans le film « Mokry szmal » de 1985, ou elle participe à une course poursuite dans les rues de Gdynia. Elle affronte une Zastava. C’est un peu le « Bullit » polonais !

La plus prestigieuse limousine de l’époque de Gierek, la Polonez, a également eu droit à ses exécutions pseudo-sportives. La première est un modèle équipé d’une moteur Fiat 2 litres de 112 chevaux. Avec lui, la Polonez pouvait atteindre les 100 km/h en 12 secondes. Elle avait aussi une suspension un peu plus rigide que la version standard. Ces « Poldek » étaient avant tout destinées à la police ou aux fonctionnaires de l’Etat ou du Parti. Mais à l’époque de la pénurie permanente des approvisionnements, l’usine donnait souvent ces voitures en échange d’acier ou de batteries. Des voitures que l’on retrouvait ensuite sur le marché parallèle. Elles étaient très populaires chez les playboys et les gens riches qui voulaient se démarquer du « peuple ». Mais il y avait plus rare : la Polonez 3 portes. Ce modèle a été construit pendant deux ans (1979-1981) a seulement 800 exemplaires. Il disposait d’une carrosserie plus rigide, de portes rallongées, de sièges avant rabattables et de vitres latérales légèrement différentes.

Ce n’était pas encore le sommet de la gamme. Un titre qui peut être décerné à la Polonez Coupé qui se distingue de la 3 portes par une nouvelle face avant, des baguettes chromés et un intérieur plus luxueux (volant et sellerie différents, vitres arrière ouvrantes, spoiler, compte-tour et radio).

Cerise sur le gâteau de ce panorama, un vrai cabriolet sur la base de la Maluch ! Bien que produit après la fin de la PRL, il symbolise bien le début du capitalisme en Pologne... Il a été produit dans les années 1991-1995 par la Fabryka Samochodow Malolitrazowych (FSM) de Bielsko-Biala. Basé sur la Maluch il s’agit pourtant d’un vrai cabriolet. La voiture est équipée d’un toit repliable en toile qui, s’il ne fuyait pas laissait passer la poussière et la saleté à vitesse élevée. Découvert on s’exposait souvent à un gros rhume. Mais les passagers étaient relativement bien protégés en cas de retournement grâce à un robuste arceau de sécurité et un encadrement de pare-brise renforcé. On peut aussi regretter la perte de performances : il faut près d’une minute pour atteindre les 100 km/h, quasiment la vitesse maxi (105 km/h). Elle n’était disponible qu’en deux couleurs : blanc ou rouge. Mais cette règle patriotique (les couleurs du drapeau polonais) était parfois outrepassée car sur commande on pouvait avoir une autre couleur. La plupart des 500 exemplaires produits ont été vendus à l’étranger. Aujourd’hui cette Maluch est une rareté absolue et pour un exemplaire en bon état il vous faudra payer plus de 10 mille zlotys.

Lu sur :
http://www.logo24.pl/Logo24/56,125389,11292494,Sportowe_samochody_PRL.html
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Adaptation VG

Tag(s) : #Histoire, #Sport, #Pologne, #FSO, #Syrena, #125p, #126p, #Polonez, #Prototype