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A Cuba, encore aujourd’hui, les voitures, les réfrigérateurs, les tracteurs, les bateaux et les magnétophones produits en URSS sont très populaires. Mais ce qui est encore plus étonnant c’est de savoir qu'ils parviennent encore à les réparer. Il existe une vieille blague qui dit : « Savez-vous ce que font les méchants avec de vieux rasoirs tous rouillés ? … Ils se rasent ! ».

Donc, vous ne pouvez même pas vous imaginer ce que l’on peut faire à Cuba avec l’héritage abandonné depuis l’époque de la grande amitié avec l’Union Soviétique. Dans la partie la plus à l’est de l’île, à Santiago de Cuba roulent encore beaucoup de Lada et Moskvitch : avec leur peinture passée par le soleil et surchargées de détails, elles parcourent les rues à toute vitesse et doublent les rares voitures modernes.

« J’ai une version « russe » et non pas « export » de votre Jigouli 1976 à vous proposer » m’explique fièrement Alfredo Espinal, ce collaborateur de l’agence de voyage locale. « C’est horriblement effrayant mais cela se conduit ». Récemment une vieille dame a conduit la voiture d’Alfredo et cela lui a coûté 500 dollars de réparation à coup de noix de coco (qui ne pourrit pas par ce climat humide) et de peau de serpent. « Cette voiture servira pendant cent ans » assure le propriétaire qui ajoute en russe « Sovietskoe - snatshit atlichnee! » (« Soviétique veut dire parfait »).

« Entre 1962 et 1992, Cuba n’a survécu que grâce à l’approvisionnement de biens de l’URSS » explique Ramon Luis Ramirez, ancien ingénieur de la centrale électrique de Cienfuegos. « Dans les conditions du blocus économique américain on importait des bus, des bicyclettes, des Lada, des radios, en bref tout ce que les Cubains ne pouvaient pas produire eux-mêmes. Le principal problème était le suivant : comment garder ces produits le plus longtemps possible dans des conditions où les cyclones sont constants et le taux d’humidité élevé : vos voitures étaient conçues pour fonctionner par d’autres conditions météo. Et, après l’effondrement de l’URSS, les pièces de rechange ont cessé de nous parvenir. S’il n’y avait pas eu l’émergence de petits ateliers de réparation clandestin, Cuba aurait cessé de bouger et de rouler. Le système de la « mécanique au noir » s’est épanoui et il s’avère que dans ces conditions critiques, les Cubains ont été en mesure de fabriquer des pièces identiques à l’original.

A La Havane, j’ai pu visiter trois de ces ateliers artisanaux : en règle générale, ils se trouvent à la périphérie de la ville, chez des particuliers. L’organisation rappelle les films sur la mafia italienne : on s’adresse à eux sur la recommandation d’amis et on va les voir en évitant de les appeler préalablement sur un portable. « Nos téléphones sons sur écoute » nous raconte-t-on.

Ils peuvent réparer n’importe quoi, régler un carburateur et même, sur commande, remplacer une portière ou le couvercle de coffre. Mais leur service est assez cher : comptez au moins 300 dollars. Mais quand on sait qu’en général, l’achat d’une Moskvitch de 40 ans d’âge coûte à Cuba de 5 à 7 mille dollars ! C’est une voiture appréciée car elle surmonte facilement les obstacles dans la jungle… Les voitures américaines de la même époque reste facilement plantées dans la boue.

C’est pourquoi on apprécie aussi les anciens camions ZiL-130. « Ce sont de vrais chars » indique Jaime, un retraité qui a ouvert un petit atelier de réparation. « Il n’est pas possible de reconstruire des pièces de rechange pour celui-ci. Il faudrait des mois de travail ». Mais les ZiL tombent rarement en panne. Ce sont des véhicules « perpétuels ». Et si quelque chose venait à arriver, il ne reste plus que la magie noire, associée aux esprits, et une danse pour arroser le ZiL de sang de poulet… « Cela vous fait peut-être rire, mais cela aide à démarrer une voiture ».

« De nombreux Cubains adorent la pêche - nous vivons sur une île » confie l’ex-capitaine de la police de Santiago de Cuba, Rodrigo Domingos. « Il n’y a presque pas de bateaux modernes. Nous partons à la pêche à la crevette sur d’anciens bateaux soviétiques des années 70, le « Temp » et le « Drakon ». Nous frottons souvent le fond et pour les garder à flot, nous les renforçons avec des housses en plastiques d’emballages de réfrigérateurs et avec des pneus de voiture. D’ailleurs à propos de frigo, j’ai chez moi un « Birioussa » fabriqué à Krasnoïarsk en 1968. C’était autrefois l’une des marques les plus populaires à Cuba. Quand il est tombé en panne, j’ai dû faire appel à un réparateur dans une autre ville. Il y a des gens qui parcourent spécialement les routes de province pour racheter par exemple des compresseurs. On refabrique les charnières de porte et, si on veut, on peut même en trouver en bois ! Le « Birioussa » soviétique est une vraie bête. Une canette de bière y gèle presque instantanément ! Encore dans les années 1990, à la campagne quand c’était la canicule, les frigos « Minsk » et « ZiL » étaient utilisés comme une sorte de climatisation. Toute la famille se serrait dedans pour se refroidir ».

A Cuba, il y a parfois un sentiment de plénitude. Vous remontez soudainement dans le temps pour vous retrouver dans les années soixante-dix. En province, dans les appartements, on trouve souvent des radios « Oufa-201 » et « Okean-214 », et il n’est pas rare de rencontrer aussi des magnétophones soviétiques « Elektronika ». Ils ne sont pas forcément en bon état, tombent en miette, mais ils fonctionnent. Et s'ils grincent de trop ou mangent la bande magnétique des cassettes, on peut les lubrifier avec de l’huile végétale et tout rentre en ordre » m’a-t-on raconté à Baracoa. Ce qui n’a pas marché à Cuba ce sont les téléviseurs soviétiques. Je n’en ai croisé aucun même dans les villages reculés. « En URSS on ne savait pas faire de ’Tivi’. On les a essayé pendant quelques mois et on a arrêté d’en acheter » raconte Rodrigo Domingos.

Ce qui est rigolo, c’est que ces choses qui étaient considérées en URSS comme de vrais détritus, souffrant constamment d’une mauvaise qualité, fonctionnent depuis des dizaines d’années à Cuba. Pour cela, il n’y pas d’autre mot que miracle !

Les machines agricoles soviétique servent depuis un demi-siècle à la récolte du riz et des ananas sous de fortes pluies tropicales. Dans les villages reculés, approchez vous de n’importe quel tracteur et vous serez sûr de trouver un modèle T-25 ou un DT-75 produit à Lipetsk ou à Volgograd. Comme il se doit, les pièces pour les réparer sont également achetées au marché noir et les entreprises d’Etat ferment les yeux.

Dès que l’île a retrouvé sa liberté, elle a pris les rails du « socialisme chinois » et la technologie soviétique a commencé à disparaître progressivement. Avec son socialisme, la Chine a commencé à fournir des trolleybus, des vélos et les cars dans lesquels voyagent les touristes. C’est dommage. Je me suis rendu dans de nombreux pays où les biens de l’époque de l’URSS sont très appréciés et aimés. Par exemple en Irak où avant l’occupation américaine, tous les chauffeurs de taxi locaux roulaient en Volga. A Alexandrie en Egypte, on roule encore en Lada et sur les rivières de l’Ethiopie, les canots à moteur Amur-M sont très populaires...

Il est grand temps pour la Russie de revenir sur les marchés de ses anciens amis de l’URSS pour gagner de l’argent avec ses productions. Car en attendant, la place est occupée par les Chinois…

Lu sur : http://car-day.ru/blog/43501992536/%C2%ABZHiguli%C2%BB-na-kokose.-Za-chto-na-Kube-lyubyat-sovetskuyu-tehniku
Adaptation VG

Tag(s) : #Cuba, #URSS, #Ambiance, #Témoignage