À la fin des années 1980, Skoda venait de lancer la nouvelle Favorit, mais la montée en cadence de la production était lente et l'entreprise était endettée jusqu'au cou. L'astuce secrète pour ceux qui ne voulaient pas d'une Favorit pour une raison ou une autre, ou qui ne voulaient pas attendre aussi longtemps, était le coupé Rapid - la dernière Skoda à deux portes jusqu’à ce jour, apogée de l'évolution de ses modèles à moteur arrière. Aujourd'hui encore, elle ne se conduit pas mal.
Lorsque, dans les années 1990, quelqu'un à Wolfsburg a pensé que Skoda devrait désormais se consacrer exclusivement à la fabrication de voitures familiales pratiques, il a coupé court à une tradition de plusieurs décennies de construction de voitures à l'esprit sportif.
Je n'écris volontairement pas voitures de sport car des modèles comme la Rapid OHV, la Felicia et la 110 R n'avaient pas la puissance moteur nécessaire pour prétendre au moins à cette appellation. Ce qui ne leur manquait pas, c'était le design distinctif et sportif de la carrosserie exclusivement à deux portes.
La Skoda Rapid, produite entre 1984 et 1990, a été la dernière voiture de ce type et, à ce titre, son prix augmente rapidement. Grâce à la gentillesse du Retroautomuseum de Strnadice, j'ai pu emprunter et essayer un exemplaire de 1989 bien conservé et utilisé régulièrement.
Le passage à l’architecture à moteur arrière, qui a eu lieu en 1964 avec la célèbre « Embecko », signifiait, entre autres, des possibilités très limitées pour développer les carrosseries des nouvelles Skoda. Dans un break, le moteur prenait de la place et surchauffait et la nouvelle carrosserie autoportante se tordait, ce qui rendait impossible la construction d'un cabriolet pour succéder à la Felicia. Mais pour Skoda, les versions sportives étaient extrêmement importantes pour les exportation et l'obtention des devises vitales de l'Ouest.
Avec l'« Embecko », cela a été résolu par la version MBX à deux portes, mais ce n'est qu'avec la série 100/110 qui lui a succédé qu'est apparue la fameuse « Erko », la 110 R, qui est restée en production pendant 10 ans et sur la base de laquelle a été construite la fameuse Skoda 130 RS de course. Il était évident qu'il ne serait pas facile de donner suite à cette voiture très réussie dans les limites du socialisme, mais les concepteurs ne se sont pas trompés.
En 1981, ils ont d'abord lancé un modèle appelé Garde, qui utilisait comme il se doit la technique de la 120, mais avec un intérieur bien mieux équipé et, par exemple, des feux arrière, qui ne sont apparus sur les berlines Skoda ordinaires qu'en 1983. On avait également ajouté la direction à crémaillère, des pare-chocs en plastique et une suspension arrière à bras tirés. Un an plus tard est apparue la Rapid, un coupé dont le nom reprend celui du modèle sportif d'avant-guerre.
La Rapid était dotée d'une carrosserie plus longue et plus basse, dérivée de la berline de type M modernisée. La boîte de vitesses à cinq rapports et, un an plus tard, un moteur plus puissant, cette fois d'une cylindrée de 1,3 litre et d'une puissance de 58,5 ch, correspondant au moteur de la Skoda 130 L, constituaient ses atouts majeurs.
L'intérieur de la voiture se distingue nettement des modèles Skoda 120 de la même époque. Les sièges avant confortables avec appuie-têtes intégrés sont une agréable surprise. Le tableau de bord est fait d'un matériau souple et présente des formes raisonnablement attrayantes. Contrairement au modèle habituel, il est en polyuréthane, un plastique souple très agréable. À partir de 1987, tous les modèles Skoda ont eu le même tableau de bord, qui était clair et esthétiquement agréable pour l'époque. Les panneaux de porte sont également plus esthétiques. Malgré son style sportif, la Rapid a toujours été conçue comme une voiture familiale. Les sièges arrière sont donc confortables pour les longs trajets, à l'exception de l'accès plus difficile et de la garde au toit réduite.
Mais ce qui vous intéresse probablement le plus, c'est de savoir comment l'ensemble fonctionne sur la route dans les conditions d'aujourd'hui. Et bien, ce n'est pas une Porsche, mais ce n'est pas non plus une Trabant !Une personne habituée aux commandes primitives des voitures d'aujourd'hui et à leurs systèmes électroniques, qui ne permettent plus de s'écraser librement contre un arbre, doit se préparer à un environnement de travail légèrement différent dans la Rapid. À d'autres égards, en revanche, la vieille Skoda rend la vie beaucoup plus simple.
La voiture est restée immobile pendant quelques jours, il faut donc ouvrir la portière gauche, saisir la poignée d’ouverture dans l’encadrement de porte, ouvrir le capot moteur et actionner la pompe à essence manuelle en bas à droite, pour remplir le carburateur avant le démarrage. Inutile de dire que cette opération est plus que salissante. Il ne reste plus qu'à tirer le starter entre les sièges jusqu'à la position la plus haute et à tourner la clé de contact avec impatience. Est-ce que ça va démarrer ?
Avec la réticence typique du monde socialiste, le démarreur fait tourner plusieurs fois le moteur, qui monte miraculeusement à plus de 2,000 tours. Je passe la première vitesse et le coupé blanc avance avec un léger rebond. Une fois qu'il est un peu lancé, je peux relâcher doucement le starter ; le moteur ne devrait plus caler maintenant.
Les moteurs à soupapes en tête n'aiment pas vraiment les hauts régimes, mais la situation de la version modifiée de l'ancien moteur utilisé dans la Rapid est diamétralement meilleure que celle d'une Skoda 120 ordinaire. La puissance maximale se situe à 5,000 tr/min et l'on peut imaginer que le moteur atteindra ce régime sans s’effondrer. C'est un grand progrès. L'avantage est qu'il tire très bien dès les plus bas régimes, de sorte qu'à moins d'être pressé, il n'est pas nécessaire de changer tout le temps de vitesse.
Jusqu'à environ 100 km/h, la Skoda se déplace avec vivacité, mais perd rapidement de la puissance. Au-delà de 120 km/h, le moteur commence à émettre un son un peu malsain et n'accélère que très lentement jusqu'à la cinquième vitesse - d'ailleurs, il faut glisser le levier vers le bas quelque part entre les jambes du passager pour l’enclencher. Ainsi, sur l'autoroute, dans la longue montée de Nahac, je suis resté dans la voie des camions, rétrogradant en quatrième en espérant que la vitesse resterait au moins supérieure à 100 ou 110 kilomètres par heure.
Je dois signaler deux points positifs. D'une part, la Rapid possède des freins très corrects, même pour l'époque actuelle ; d'autre part, son châssis, ainsi que ses pneus de 13 pouces, font un excellent travail d'absorption des bosses, ce qui rappelle un peu les voitures tout-terrain à châssis séparé. Quiconque se souvient des passages à niveau en bois de l'époque socialiste sait que la Fabia d'aujourd'hui « perdrait toutes ses roues d'un coup » sur quelque chose de similaire.
La direction à crémaillère offre une certaine précision, de sorte qu'il n'est pas nécessaire de corriger constamment la trajectoire. Le train avant étant léger (la répartition des charges entre l’essieu avant et arrière est extrêmement disproportionnée), les roues peuvent être braquées sans trop d'effort en l’absence de direction assistée. Cependant, la tenue de route est typique de l'époque et de la conception de la voiture - en cas de vent latéral ou de dépassement d'un camion, on a plus l'impression d'être sur une mer agitée qu'à bord d'une voiture.
Dans les virages, surtout sur les routes bosselées, le train avant a tendance à rebondir de manière désagréable, ce qui accrédite la rumeur selon laquelle la meilleure tenue de route est celle d'une Skoda avec un sac de ciment dans le coffre. Mais encore une fois, il faut dire que par rapport à la Skoda 120L, la Rapid est beaucoup, beaucoup plus confiante et stable sur la route. Avec une certaine dose de courage personnel et un peu d'expérience de conduite, un petit tour au volant de cette machine peut aussi s'avérer très amusant. Bien qu'il s'agisse d'une « propulsion », avec un essieu arrière chargé, vous pourrez drifter sur la neige.
J'ai déjà écrit que la Rapid était la meilleure voiture jamais sortie de la lignée des Skoda socialistes, mais il y a un gros MAIS qui doit être souligné. Il devait s'agir d'un coupé fabriqué dans les usines de Kvasiny ou de Vrchlabi. Cependant, certaines Garde et Rapid ont également été construites jusqu'en 1987 dans l'usine de Bratislava, où, contrairement aux usines tchèques, la qualité de la production était carrément désastreuse - voir la vidéo ci-dessous. Les voitures fuyaient de l’essence, ne pouvaient pas démarrer, tombaient en panne prématurément, les vitres latérales se détachaient et bien d'autres « petites choses ».
On peut supposer que les propriétaires des Rapid survivantes ont déjà remédié à ces défauts. Près de 45,000 exemplaires du dernier coupé portant le logo Skoda ont été construits et se vendent aujourd'hui à un prix élevé. On peut acheter une Rapid en mauvais état pour 100,000 couronnes, mais pour un bel exemplaire, il faut débourser plus d'un demi-million de couronnes.
Il va sans dire que pour une somme similaire, vous pouvez vous procurer un véhicule occidental de très bonne qualité d'une marque réputée, mais le patriotisme local tchèque est absolument fou de ces vétérans socialistes.
Légende des photos :
- La Rapid 136 dispose d'un moteur plus ou moins identique à celui de la Favorit, et il faut également noter l'inscription « 5speed », utilisée par l’AZNP pour montrer que la boîte de vitesses à cinq rapports était également arrivée sur les Skoda.
- La Rapid a un pare-brise plus incliné que le modèle ordinaire de la même époque, l'inclinaison de l'arrière se traduisant par une réduction de la garde au toit.
- L'intérieur de la Rapid avec un tableau de bord plus luxueux.
- Ne vous y trompez pas, le compteur de vitesse de la Rapid peut afficher jusqu'à 20 km/h de plus à haute vitesse, et il n'est donc pas difficile d'atteindre la vitesse maxi de 180 km/h !
- La pédale d'accélérateur au plancher est la norme dans une vieille Skoda.
- Croyez-le ou non, la Rapid est jusqu’à aujourd’hui la dernière Skoda avec moins de quatre portes.
Lu sur : https://www.info.cz/po-praci-lifestyle/jak-dnes-jezdi-skoda-rapid-to-nejlepsi-ze-socialistickeho-automobiloveho-marasmu
Adaptation VG