Vous voulez un tuyau sur une voiture tchèque de collection dont le prix a grimpé en flèche ces derniers temps ? Non, il ne s’agit pas de la Skoda Felicia originale, ni la Tatra T603 ou l’autobus Skoda 706 RTO. Il s’agit du coupé Skoda Rapid, descendant sous-estimé et moins élégant que la légendaire « Erko ». Récemment, cette Skoda à l’allure sportive à reçu un titre peu enviable : on dit qu’elle est la pire voiture de sport de tous les temps !
Alors qu’il y a quelques années, de nombreux premiers propriétaires vous l'auraient cédée gratuitement pour s’en débarrasser, vous pouvez aujourd'hui débourser 100,000 couronnes pour un exemplaire bien conservé dans son état d'origine. Comment expliquer cet intérêt soudain pour ce dérivé de la peu noble série S742, alias Skoda 105/120 ?
Outre le fait que la Rapid ait atteint l’âge subtil des vétérans, qui est généralement et officiellement fixé à 30 ans, le fait qu’elle soit le dernier coupé produit en série en Tchécoslovaquie est un facteur important. Il faut savoir que plusieurs années se sont écoulées depuis 1990, date à laquelle sa production à Kvasiny a définitivement pris fin. Un autre facteur décisif de sa popularité croissante est le fait que, alors que plus de deux millions de modèles Skoda 105/120 ont été construits, la Rapid n'a été fabriquée qu'à 33,450 exemplaires, les versions 135 et 136 les plus recherchées, des dernières années de production, ne représentant qu'un faible pourcentage de ce nombre.
Transposé à la réalité socialiste, il n'est pas loin de la vérité de dire qu'il était aussi difficile pour un client de se procurer une Rapid que l'une des rares voitures occidentales importées ici et là - et c'était juste un peu moins cher.
La Rapid s'est embellie avec le temps, et la disparition naturelle des berlines Skoda 105/120 sur les routes tchèques, fait qu’on remarquera plus facilement le coupé sportif dans le trafic. Selon Ladislav Cermak, un amateur de Skoda à moteur arrière, ce qui est magique avec la Rapid, c'est ce sentiment de différence : « La Rapid est meilleure dans presque tous les domaines, de sa tenue de route nettement meilleure grâce à la propulsion et son moteur plus puissant, en passant par la carrosserie plus rigide. Elle est très amusante à conduire et avertit consciencieusement des limites d’adhérence. Les réactions du châssis rappellent fortement et de manière inattendue celles d'une Porsche 911 moderne ».
Sa tenue de route n’était vraiment pas mauvaise, et à l'époque de l'arrivée de la Favorit, alors que la production des deux voitures s’est chevauchée pendant deux ans, une grande partie des clients préféraient la Rapid, plus ancienne, mais mieux conçue et plus mûre.
On dit généralement que la Rapid était destinée à tirer parti de l'énorme succès de la 110 R, mais ce n'est pas tout à fait vrai. Le véritable ancêtre de la Rapid (qui est encore plus rare aujourd'hui) est le coupé Garde, développée sur la même base. Après la fin de la production de l' « Erko » en 1980, l’envie des ouvriers pour un coupé attrayant était si grande que l'AZNP, nom officiel de l'usine de Mlada Boleslav à l'époque, a rapidement développé un nouveau modèle à deux portes.
Ce coupé était équipé du moteur de la Skoda 120 LS, un 1,200 cm3 plus puissant. Il était également équipé d'une boîte de vitesses à quatre rapports. Cependant, la nouveauté technique, conçue exclusivement pour lui au départ, était la direction à crémaillère, qui offre une meilleure précision et un effort au volant réduit. Avec le passage de l'ensemble de la gamme au type M, le coupé a également été renommé pour s'appeler Rapid. Bien qu'un petit nombre de voitures aient encore été construites pendant deux ans sur la base technique d'origine, la majeure partie de la production s'est déjà écoulée avec les « organes » de la Skoda 130.
En pratique, cela s'est traduit par un certain nombre d'innovations qui ont fait de la Rapid une voiture nettement meilleure. Tout d'abord, un moteur plus puissant, toujours associé à une boîte de vitesses à cinq rapports, puis de meilleurs freins et une suspension arrière à bras tirés. Cependant, la production de celle-ci s'est avérée initialement sous-dimensionné, de sorte que la quasi-totalité des modèles des premières années disposent d’un essieu traditionnel à demi-arbres oscillants.
L'amélioration est intervenue en 1987, lorsque les bras ont été rigidifiés. L'année en question est également une année charnière puisqu'elle voit l'apparition des versions Rapid 135 et 136, qui abritent les moteurs prévus pour la Skoda Favorit. La 136 (62 ch), qui, contrairement à la 135 (58 ch), peut consommer de l'essence sans plomb, est la plus recherchée par les amateurs de Rapid. Elle fonctionne mieux et les moteurs durent bien plus longtemps que ceux des modèles plus anciens.
Bien sûr, il ne faut pas s'attendre à des miracles avec cette puissance, mais la réponse instantanée du moteur à carburateur, associée à son poids léger, peut rendre n'importe quel voyage agréable. Pendant ce temps, vous pouvez profiter du confort d'un intérieur étonnamment bien fait, qui a subi un certain nombre de changements majeurs par rapport à la 100.
Tout d'abord, le tableau de bord est complètement différent et toujours aussi beau avec un emplacement pour l’autoradio en option. Parmi les équipements, on trouve des essuie-glaces à intermittence. Les sièges avec appuie-têtes intégrés, qui peuvent également être réglés en hauteur (quoique de manière assez laborieuse), sont agréables.
Les instruments et les commandes sont naturellement adaptés à l'époque, mais tout est très clair et lisible. La vie avec la Rapid est tout simplement agréable et, d'une certaine manière, nostalgiquement réconfortante. Si vous pouvez mettre la main sur un exemplaire rouge avec des jantes en alliage achetée au Tuzex, vous aurez la pièce maîtresse de n'importe quel rassemblement vintage, et vous pourrez la conduire tous les jours !
Encadré n°1 :
La Rapid est actuellement la triste vedette de la presse automobile mondiale. Le magazine automobile américain Motor1 l'a désignée comme la pire voiture de sport au monde !
« Si vous voulez considérer la Rapid comme une vraie voiture de sport, vous serez totalement déçu. Elle est incroyablement lente, même selon les normes des années 1980. Même dans sa version la plus puissante, elle atteint 60 km/h en 16,5 secondes, soit moins vite qu’une Lada » écrit le magazine Motor1.
Elle serait très mal construite et peu fiable. Motor1 se souvient de problèmes de surchauffe du moteur. « Les caractéristiques de conduite ont été nettement améliorées par rapport aux 100 ordinaires, mais elles étaient encore loin d'être bonnes », écrit Motor1, qui justifie cela par l'architecture spécifique avec le moteur qui charge l'essieu arrière.
Mais l'équipe éditoriale de Motor1 conclut sa critique sur une note plus conciliante : « Avec le moteur en porte-à-faux arrière, nous pouvons dire que la Rapid était en fait une Porsche 911 pour les pauvres. La Rapid doit être considérée comme une voiture très bon marché qui offrait un plaisir de conduite pour quelques couronnes ».
Encadré n°2 :
Trois Rapid différentes. Skoda a lancé la Rapid pour la première fois dans les années 1930. C'était une voiture classique de l'époque. Cet article est consacré à la deuxième Rapid. La troisième a été introduite par la marque de Mlada Boleslav en 2011. Cette voiture familiale bon marché, à mi-chemin entre une Fabia et une Octavia, est disponible en version liftback et en version allongée à hayon appelée Spaceback.
Lu sur : https://www.idnes.cz/auto/historie/skoda-rapid-nejhorsi-sportak.A170116_175926_auto_ojetiny_fdv
Adaptation VG