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Ne me dites pas que vous n'avez jamais entendu la chanson de Banjo Band sur l'effrayant Jozin qui vit dans un marécage quelque part près de Vizovice. Cette chanson, qui a été écrite en 1977, a soudainement acquis une seconde popularité en 2008. Et c'est compréhensible : il est difficile de trouver quelque chose de plus drôle et le clip de 1978 peut être considéré comme une apothéose de la moquerie. En somme, si la chanson pouvait devenir un véhicule tout-terrain, elle serait ce Markman. Parce que, dans le monde de la technique, rien n'est plus ironique que ça.

Le créateur de ce véhicule tout-terrain, Mark, dit de son métier : « Je fais tout ce que j'aime ». Apparemment, c'est le cas, sinon il est difficile d'expliquer comment un homme peut être dans la restauration, avoir sa propre marque de vêtements et devenir bâtisseur. Il est également le concepteur de son propre véhicule tout-terrain. Mark raconte qu’il a commencé la construction de ce vezdekhod parce qu’il ne voulait pas rester à rien faire dans sa maison de campagne. La démarche est un peu aventureuse, à mon avis, car il est un peu risqué de partir comme cela de zéro, surtout sans expérience. Mais Mark nous prouve que quand vous voulez vraiment faire quelque chose, tout s'arrange.

C'est son amour des grands espaces qui l'a également poussé à construire son propre vezdekhod. La plupart de ces tout-terrains faits maison ressemblent à des boîtes encombrantes, mais Mark voulait quelque chose de plus esthétique. Et comme il en avait vraiment besoin, il s’est lancé...

Mark a soudé le châssis lui-même. Il l’a entièrement fabriqué à partir de tubes profilés. Il n'y a pas de fioritures particulières : deux sections parallèles avec des barres transversales faites avec les mêmes tubes. Il n'y avait aucun désir ou nécessité de faire de la fantaisie, parce que ce tout-terrain n'a pas été construit en partant de plans, mais par l'appel de l'âme et la compréhension subjective de la beauté.

Mark a acheté des pneus basse pression pour camions tout-terrain Oural. Fabriquer soi-même des pneus basse pression est quelque chose de compliqué et d’ennuyeux. C’est pourquoi Il a été décidé de les acheter prêt à l’emploi auprès de ceux qui les réalisent professionnellement pour les amateurs de véhicules tout terrain. Pour les jantes, par contre, cela a été un peu pénible. En général, les constructeurs amateurs procèdent de la manière suivante : ils prennent la partie centrale de la jante (celle qui est fixée au moyeu), coupent le reste et soudent une couronne qu'ils fabriquent eux-mêmes et qui est conçue pour élargir la jante à la taille du pneu. C'est une tâche compliquée que de souder soi-même cette couronne. Dans ce cas précis, le problème a été résolu différemment. Des morceaux de tube profilé ont été soudés à une jante ordinaire de UAZ et les butées qui maintiennent la couronne extérieure y ont été boulonnées. L’ensemble permet le maintien du pneu et les tubes retiennent la chambre à air à l’intérieur de cette construction. D'un côté, c'est plus facile que de fabriquer de bonnes couronnes, mais de l’autre côté, le système s'avère ne pas être très performant, du moins dans le sens où l'on ne peut pas trop réduire la pression au risque de ruiner le pneu.

Les jantes, comme mentionné plus haut, proviennent d’un UAZ et ce pour une simple raison. Les ponts viennent également de cette voiture. Sinon, la transmission est un peu inhabituelle : la boîte de vitesses de « Deciatka » est tournée de 90 degrés, un arbre est démonté, et le second va directement à la boîte de transfert de Niva qui entraîne directement les ponts UAZ. En général, ce type de samodelka est plus simple : une boîte de vitesses est récupérée, le différentiel est soudé et les arbres de transmission entraînent les deux essieux. Le résultat est une transmission permanente, mais sans plage de réduction (car il n'y a pas de boîte de transfert dans ce schéma). La transmission de ce vezdekhod est plus complexe et il y a deux leviers supplémentaires dans l’habitacle - tout simplement les mêmes que dans une Niva. Cela signifie qu'il y a ici des rapports courts, très utiles pour un bon tout-terrain.

Les arbres de transmission ont également posé problème. Les pneus basse pression de l'Oural risquaient d'avoir raison d’une transmission peu solide, et c'est justement ce qui arrivé avec l’un des croisillons de cardan. Un arbre de transmission de Jigouli a donc été installé, il fait son office pour l’instant même si, franchement, Mark ne croit pas qu’il va durer. L’arbre de transmission avant provient du UAZ, mais il a été allongé car l’empattement n’est plus le même.

La direction assistée et les freins viennent aussi du UAZ. Mais il y a eu un petit problème avec ces derniers. Comme le servofrein à dépression d'origine gênait le libre mouvement des roues, il a fallu acheter celui, plus petit, d'une autre voiture (mais Mark ne se souvient même plus laquelle). Les roues tournaient librement, mais l'efficacité du freinage semblait insuffisante. Cependant, la transmission vazo-uazo-niva offre beaucoup de frein moteur et l'absence de bons freins n'a contrarié Mark qu'une seule fois lorsqu'il est rentré dans sa propre voiture avec son vezdekhod. D'un autre côté, dans une situation comme celle-ci, il vaut mieux heurter sa propre voiture que celle d'un autre. La frustration a donc été de courte durée…

La suspension est à ressorts à lames, mais en même temps il y a des combinés ressorts-amortisseurs (ce qui est étrange). Et encore une chose : les phares viennent d’une « Kopeïka », les feux arrière sont à LED, les sièges chauffants sont d’origine Volvo, le moteur est un VAZ-21124 de « Deciatka », les ailes en plastique proviennent d’une semi-remorque. En général, il a fait avec ce qu’il avait, mais en faisant très attention aux pièces qui pouvaient affecter le « design » d’ensemble. Parce que le style de l’engin est la chose la plus importante.

En fait, qui aurait osé peindre en rose un vezdekhod ou lui donner une silhouette fastback ? Personne, à part Mark. Il voulait exactement le design qui lui permettrait de se démarquer d’engins comme le Sherp mais qui n’en limiterait pas le potentiel tout-terrain !

D’où est donc apparue cette étrange ligne de toit ? Un voisin a donné à Mark une cintreuse de tuyaux, puis il a vu le tuyau d'arrosage pendant au mur. Il s’est inspiré de cette vision. La cintreuse et un poste à souder ont été utilisées, et le résultat final est cette carrosserie inhabituelle. Pour être totalement exact, c’est la carcasse métallique qu’il a formée de la sorte et qui a ensuite été recouverte de panneaux sandwichs (en plastique et aluminium), recouverts de vinyle fuchsia.

Voilà comment a été fabriqué ce vezdekhod. Nous pouvons maintenant en faire le tour et évaluer certains détails... Ce qui me convainc à dire que ce n'est pas seulement un vezdekhod, mais un moyen pour se moquer du « premium-luxe » !

La couleur rose a été choisie car il avait envie de couleurs vives, ce qui constituent déjà une défiance face à la communauté d’amateurs de véhicules tout-terrain mal rasés. Mais le reste... Dans l'ensemble, il n'y a rien à voir à l'avant. Il n'y a rien ici, à part un treuil ; d'ailleurs, il a fait son apparition uniquement parce que c'était une honte d'appeler à chaque fois un voisin en UAZ, qui arrivait et sortait le vezdekhod d’un mauvais pas. C'est une chose utile, un véhicule tout-terrain ne pourrait pas vivre sans cela.

Le plus intéressant se passe à l'arrière. La boîte à outils rappelle les malles, qui remplaçaient le coffre à bagages dans les années 1920. C’est rigolo. Mais l'inscription « MARKMAN La voiture cool prototype de luxe » est encore plus amusante. Cette inscription est absolument insensée et n'est qu'un ensemble de mots, qui soulignent le statut inaccessible du Markman (du nom de son fondateur, bien sûr). Le moteur est recouvert d'un cache supérieur de Lexus portant l'inscription « V8 » dans le même but. Le capot du compartiment moteur est transparent et coulissant : c’est pratique, vous pouvez conduire en marche arrière et voir où vous allez ! Les portes latérales sont à charnières inversées (on les appelle plus souvent des « suicide-doors »). Il s'agit là aussi d'une référence aux voitures de luxe du passé.

À l'intérieur, outre les sièges en cuir de Volvo, on trouve également un autoradio stéréo avec un amplificateur et un subwoofer. Et dans la cloison du fond, il y a une fenêtre, à travers laquelle vous pouvez regarder le moteur en marche. De plus, le compartiment moteur est équipé d'un éclairage, de sorte que dans l'obscurité, le monde du luxe entoure non seulement l'avant, mais aussi l'arrière.

Le tableau de bord est en contreplaqué représentant le bois naturel des voitures de luxe. Le tout était peint en bleu, mais à l'air libre, il est devenu légèrement vert et a pris une noble teinte turquoise. Au milieu du panneau se trouve une pendule de Volga GAZ-21, qui est aussi un élément de luxe, puisqu’on sait que c’est un équipement fondamental sur un tout-terrain.

Si l'on met de côté le large accoudoir central (en cuir - puisqu’il ne peut en être autrement en classe affaires), on peut voir les schémas de passage de la boîte de vitesses et de la boîte de transfert écrit au marqueur. D'ailleurs les leviers eux-mêmes sont constitués d'arbres de transmission, non sans imagination.

Il est temps de monter dans ce véhicule tout-terrain de luxe. On ouvre la porte et on se met derrière le volant. La première impression est que la position de conduite a quelque chose d'étrange : elle est à moitié couchée. Le volant est un peu éloigné des mains et des jambes : les genoux ne sont pas pliés et s'étirent vers l'avant en direction des pédales. C'est un peu comme s'asseoir dans un kart, si ce n’est que celui-ci aurait des sièges de Volvo. Dans les vezdekhod, on s'assoit généralement comme sur un tabouret - la visibilité est meilleure, la direction est plus facile à tourner, comme dans Defender. Cependant, il y a une explication sur la position de conduite du Markman. La principale est le plancher très élevé. En raison de la garde au sol, et  le fait que sous le plancher on trouve à la fois la boîte de vitesses, mais aussi la boîte de transfert, ce plancher est devenu très haut. De plus, un panneau de polystyrène expansé est fixé sous le fond pour augmenter la flottabilité. Mais la vérité est qu'elle n'a pas augmenté de manière cardinale, et que si l'on veut aller dans l’eau, il faudra se résigner à se mouiller jusqu'à la taille. Le créateur du Markman a répondu modestement sur capacité à nager : « ll nage, probablement ».

Bizarrement, après quelques minutes, j'étais déjà habitué à cette position. Oui, le pédalier est éloigné, mais mes jambes complètement étendues tombent pile poil au-dessus de lui. Mark l’a fabriqué lui-même, et il s’avère très confortable. Il est également très confortable de conduire avec les bras tendus. Quant aux sièges... je comprends parfaitement que de nombreux amateurs de véhicules tout-terrain utilisent soit des sièges de voitures russes ou des sièges en plastique provenant de bus, uniquement parce qu'ils sont bon marché et faciles à laver après une sortie. Mais les sièges de Volvo, qui offre un bon soutien latéral, sont plus chics. Tout comme le bouton start-stop (mais n'oublions pas que nous sommes assis dans une voiture de luxe). Le moteur à l'arrière n'est pas trop bruyant et, dans l'ensemble, notre vezdekhod semble confortable. Il est temps d’aller faire un tour.

La boîte de transfert est une excellente chose ! Le Markman peut atteindre 70 km/h, ce qui est presque incroyable pour un vezdekhod fait maison. Il est possible de passer sur la gamme de rapports courts ce qui décuple ses capacités. Mais le mécanisme de la boîte de transfert de la Niva est un peu paresseux.Ce n'est qu'après quelques tortures, qu'il est possible de passer les « petites vitesses ».

Théoriquement, le 1600 cm3 VAZ est plutôt coupleux (pour un moteur à essence). Il fournit ses 133 Nm au régime plutôt bas de 3,600 tr/min. Mais avec la boîte de transfert, il peut faire beaucoup plus. Inutile de dire qu'il est possible de rouler au pas en troisième vitesse. C'est pourquoi le Markman est capable de se lancer dans des ascensions abruptes où il faudra faite attention de ne pas aspirer de l’air avec la pompe à essence ! Le long empattement aide aussi - il est très difficile de renverser cette voiture dans les montées et les descentes.

La situation n'est pas aussi bonne quand le manque d’espace se fait sentir - le rayon de braquage du Markman est plutôt gigantesque. Cependant, il pourra traverser de grandes étendues à une vitesse assez élevée dans un confort inhabituel pour une samodelka. Il faut rappeler que les vezdekhod fait maison ont des suspensions souvent rudimentaires. Avec le Markman, on prend beaucoup de plaisir car la combinaison des ressorts à lames et des ressorts hélicoïdaux fonctionne bien.

La direction ne pose aucun problème. Elle est précise et légère. Hélas, comme mentionné au début de l’article, il n’y a pratiquement pas de freins. On ne peut décélérer qu'avec le frein-moteur (ce qui, soit dit en passant, se passe très bien) et on ne peut utiliser les freins que pour l’arrêt total. La visibilité est étonnamment bonne : on peut tout voir dans toutes les directions, les dimensions de cette énorme voiture sont faciles à appréhender, c’est excellent. Le moteur n'a qu'un seul petit inconvénient : la possibilité de tomber en panne sèche si la voiture penche trop. Mais si on garde en permanence le réservoir d'essence à moitié plein, il est possible de contourner ce défaut.

Pour être franc, je ne m'attendais pas à ce que ce vezdekhod, qui a été construit comme une grosse blague, soit capable de rouler ainsi. La combinaison de l'humour et du sérieux en fait un véhicule de haut niveau.

Le Markman est donc une réussite, même si, bien sûr, il a quelques défauts. Par exemple, les soudures ne sont pas toujours de qualité. Mais s'il ne tombe pas en panne, cela ne sera pas si critique. Mark l'admet ouvertement : les premières sorties n’ont pas été de tout repos. Il a dû faire beaucoup de modifications et de soudures.

Le principal inconvénient est la transmission qui n’est pas des plus fiables. La décision de faire tourner la boîte de transfert par le seul arbre d’entraînement de la boîte de vitesses de la « Deciatka » suscite quelques doutes. Cela fonctionne encore, mais Mark craint aussi sur la durabilité de cette construction. La bonne nouvelle est que toutes les pièces VAZ et UAZ ne coûtent que quelques kopecks et sont disponibles dans n'importe quel magasin, de sorte que les réparations potentielles seront tout à fait accessibles.

Mark envisage néanmoins de construire un autre vezdekhod à l'avenir. Et l'approche sera complètement différente : il veut prendre un châssis prêt à l'emploi (américain ou japonais), poser dessus une carrosserie faite maison et le monter sur des roues normales (mais qui auront bien entendu des pneus basse-pression). Il s'avérera plus fiable, et l’essentiel est qu'il sera plus facile à construire que de tout souder à partir de rien et essayer de lier entre elles des pièces provenant de voitures différentes.

En tous cas, au risque de le répéter, le Markman est une réussite. Lorsque ce « Jozin » est sorti de son « bazin », je l'ai regardé en souriant : il est vraiment très inhabituel et taquin. Il a certainement le droit de vivre, dans la neige, dans les marais, dans les bois, dans les ravines - partout, là où les gens ennuyeux sans véhicule tout-terrain n'iront de toute façon jamais !

Lu sur : https://www.kolesa.ru/test-drive/yozhin-z-bazhin-test-drayv-samodelnogo-vezdekhoda-markman
Adaptation VG

Tag(s) : #Markman, #Vezdekhod, #Samodelka, #Russie