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Il a tout eu : les rêves d’enfant, un moteur cassé, la mousse de fibre de verre, l’impression 3D ou l'effet de surprise lors d’un festival automobile. Sergueï, le créateur de cette voiture, avait-il prévu cet enchaînement d’événements ? Pas vraiment. Il raconte qu’il ne voulait tout simplement pas jeter le V6 2,5 litres d'un coupé Ford Cougar.

Pourquoi Izolda ? Sergei affirme qu'il ne connaît personne de ce nom, et qu’il n’y a aucun rapport avec la princesse irlandaise blonde qui a guéri Tristan. Le fait est que ce nom sonne bien. Tout simplement. Après la marque, il se devait de trouver un logo. C’est pourquoi il a divisé le nom en deux : « Izo Lda » (« de la glace »). Un petit brainstorming, une idée logique et son logo était prêt : un iceberg bien-sûr !

Sergey est ingénieur radio militaire de formation. Après avoir servi dans l’armée, il a commencé à réfléchir à ce qu’il pourrait faire. Dans l’arrière-cour de sa maison de Bereza (dont la région de Brest en Biélorussie), il a ouvert un garage avec deux ponts-élévateurs. Une entreprise qui fonctionne bien. Il se souvient : « Un jour, une femme est arrivée en coupé Ford Cougar. J’ai tout de suite aimé le tableau de bord de cette voiture. Le diagnostic a montré que le moteur avait besoin d’une réfection complète. Il s’agissait d’un moteur de V6 de 2,5 litres de 170 chevaux. La propriétaire m’a donné son accord et on a décidé d’acheter un autre moteur (d’occasion). Quand le changement de moteur a été effectué, je lui ai demandé : ‘Que faisons-nous de l’ancien ?’. Elle a répondu : ‘Ce que vous voulez’ ».

Que faire de ce moteur ? Il n’allait pas le mettre à la casse ! C’est alors que Sergueï s’est souvenu du concept Ferrari F250. Il n’y a pas beaucoup de photos de cette petite Ferrari imaginée par Idries Omar, mais son dessin est resté dans la mémoire de Sergueï. L’homme ne pouvait pas attendre le moment où il gagnerait suffisamment d’argent pour s'offrir une supercar, alors il a décidé de s’en créer une. Ou tout du moins a essayé.

Il se souvient : « A l’origine, j’avais prévu de construire la voiture sur un châssis séparé mais je n’ai pas pu car je n’ai pas l’équipement pour le faire. C’est pourquoi je me suis arrêté sur une construction monocoque. A ce moment-là, j’avais déjà trouvé la boîte de vitesses, je l’avais nettoyée. J’avais déjà rénové le moteur V6. Puis j’ai trouvé la voiture donneuse. Une Ford Mondeo. Le moteur passait parfaitement sous le capot. J’ai découpé la partie avant et je l’ai mise derrière pour faire une voiture à moteur central. Ensuite, j’ai pris l’avant d’une autre Ford Mondeo pour l’avant de ma voiture et j’ai relié les deux moitiés avec un toit de Toyota Celica. J’ai décidé de faire cela pour me simplifier la tâche avec le pare-brise. J’ai lu quelque-part que lorsqu’on veut construire une voiture soi-même, la recherche du bon pare-brise est une tâche ardue. Et le faire fabriquer sur commande coûte beaucoup d’argent. La carcasse était prête ».

Un petit mot sur les trains roulants : « Une suspension MacPherson ne pouvait pas entrer ici, la carrosserie est trop basse par rapport aux roues. Il n’y a pas assez de hauteur. C’est pourquoi un système à double triangulation est utilisé. Les pièces viennent d’une Jigouli ». Sergueï a lui-même réalisé les moyeux. A l’arrière, il y a plus de place et le système MacPherson a réussi à rentrer.

La carrosserie devait reposer sur cette carcasse. La quasi-totalité de la carcasse était recouverte d'une épaisse couche de mousse de construction. À partir de là, les formes, les courbes et les angles. La forme de la voiture était exactement ce qu’il voulait au final. Après avoir durci, les pièces ont été divisées en éléments (capot, ailes, pare-chocs) et on été recouvert de fibre de verre pour former une matrice. A l’exception des rétroviseurs qui ont été moulés à partir de pâte à modeler. La matrice a permis de réaliser les éléments en fibre de verre et résine époxy. Il n’a rien jeté : il plaisante en disant qu’il a gardé les moules… en cas de production en série. Après masticage, chaque élément s’ajuste avec une précision millimétrique.

Il a fallu environ quatre mois pour construire les portières à ouverture papillon. Sergueï explique que ce n’est pas la meilleure des solutions : il n’est pas facile de s’installer au volant et la vitre gène l’ouverture quand elle est relevée. Deux vérins à gaz de 750 newtons chacun maintiennent la porte. Un des problèmes a été de les positionner pour les cacher dans la cavité de la porte pour ne pas perdre en efficacité et en esthétique.

Pour l’instant, sous le capot avant, il n’a rien à part le radiateur. Mais il y a suffisamment d'espace pour faire place à un petit compartiment à bagages. L’intérieur de l’Izolda est beaucoup plus prosaïque que l'extérieur. La base est le tableau de bord de Ford Cougar, qui a plu à Sergueï. L’habitacle ne peut accueillir que deux passagers et derrière les sièges, on ne peut mettre qu'une valise de taille moyenne. Les sièges eux-mêmes sont également sans fioritures.

Les phares sont faits sur mesure - en époxy transparent. Ils sont fabriqués en partant d’éléments de Fiat Punto avec quelques modifications (comme les « yeux d'ange »). La base de l'optique arrière est une forme rouge imprimée en 3D. Elle est remplie de résine pour bijoutier (utilisée pour fabriquer des pierres artificielles pour les bijoux). Les clignotants jaunes sont faits du même matériau. Ce n'est qu'une fois les pièces prêtes que la carrosserie a été mise en peinture.

« J'ai demandé à un peintre de s’en occuper, car je ne suis pas moi-même un expert, explique le créateur et propriétaire de cette voiture unique. Je suis tombé sur un homme méticuleux. Il est venu plusieurs fois et a exigé que les irrégularités ou les rugosités soient supprimées. Simultanément j’ai eu un débat avec ma femme à propos de la couleur. J'étais sans équivoque en faveur d'une couleur acide, mais je n’arrivais pas à me décider pour le bleu ou le rouge ? J'ai cédé à mon épouse, et le choix s'est porté sur le rouge. Je pense que nous avons fait le bon choix ».

Le week-end dernier, l’Izolda a fait sa première apparition au festival automobile SunDay, près de Grodno. Sergueï a dit que sa voiture était sur la liste finale mais que la première place est revenue à un autre projet. « La réaction du public a été du genre : ‘Mais qu'est-ce que c'est que ça ??’. Il a réussi à surprendre le public. Elle a fait l’aller-retour sur un plateau. Elle peut rouler sans aucun souci. Mais rouler légalement est une histoire qui prend du temps et de l'argent. Je n’ai pas envie de m’en occuper. Travailler dans mon garage, c’est ce que j’aime. La paperasse pour les administrations, ce n'est pas du tout mon truc ».

Ce n'est pas sans une pointe de tristesse que Sergueï explique qu'il est obligé de vendre son Izolda. Il a investi dedans environ vingt mille dollars et maintenant il la donne pour sept. « J’ai besoin d’argent », explique brièvement le créateur de la voiture, sans entrer dans les détails.

Lu sur : https://auto.onliner.by/2019/07/25/izolda
Adaptation VG

Tag(s) : #Histoire, #Izolda, #Samodelka, #Biélorussie, #Vidéo