Pendant des années, cette Trabant Universal 1.1 LE a été le compagnon fidèle de Hans-Ulrich Wolff, un habitant de Hambourg qui vient d’être autorisé à la faire passer sous la porte de Brandebourg (enfin presque) !
L’histoire est d’autant plus étonnante qu’il n’avait pas conduit sa voiture depuis le 24 octobre 2005, date à laquelle elle avait fait son entrée au Volkswagen Auto Museum et où il avait obtenu par écrit, sur un papier à en-tête du musée, l’assurance qu’il pourrait à son volant traverser la porte de Brandebourg à l’occasion du 25ème anniversaire de la chute du Mur le 9 novembre 2014 !
Pendant près de 10 ans, cette Trabant avait été un compagnon fidèle au quotidien. Il se rendait tous les jours avec à son bureau situé dans le port de Hambourg et véhiculait régulièrement son fils et les enfants des voisins dans la métropole de l’Elbe. Mais comment se fait-il qu’un Hambourgeois avait acheté l’une des 444 dernières Trabis de 1990 en juillet 1996 ?
En 1989, Hans-Ulrich Wolff avait travaillé comme chef de projet à l’Institut fédéral de physique et technique de Braunschweig. A quelques encablures de la frontière intérieure allemande, il avait été témoin de la chute du Mur de Berlin le 9 novembre 1989. Il avait rapidement succombé à la fascination pour la Trabi, ce symbole automobile de 1989/90, une voiture qu’il connaissait pourtant bien puisqu’il rendait régulièrement visite à des proches en RDA.
« C’était censé être une deux-temps de couleur bleu cristal, le fameux bleu Trabant » se souvient Hans-Ulrich Wolff. Des amis de la RDA devait l’aider à réaliser son rêve mais les choses se sont passées différemment. D’autres choses étaient devenues plus importantes, de sorte qu’aucune Trabant n’avait emménagé dans la maison des Wolff. Jusqu’à un samedi matin de 1996 : Andrea Wolff était au courant du rêve inexaucé de son mari lorsqu’un journal hambourgeois a rendu compte de l'ultime vente de Trabis par la filiale est-allemande de la chaîne de magasins « Allkauf », aujourd'hui disparue. Les derniers exemplaires de ces Trabant produites en février 1990 était vendues 9,999 DM chacun.
500 exemplaires du dernier modèle 1.1 avaient été exportés vers la Turquie l’année de la réunification mais l’importateur avait fait faillite de sorte que les voitures étaient restées bloquées en douane sur le port de Mersin, sur la côte méditerranéenne turque où ils étaient tombées dans l'oubli. Puis elles avaient été réimportées en Allemagne, rénovées et modernisées dans un atelier de l’usine Sachsenring de Zwickau, fermée depuis longtemps déjà. Entre autres choses, elles avaient obtenu des ceintures pour la banquette arrière et une radio Blaupunkt.
Les ventes ont commencé très lentement à partir de 1994. Personne n'était disposé à dépenser plus de 15,000 DM pour cette série limitée constituée par les 444 derniers exemplaires de Trabi. Ce n'est qu’avec le prix d’attaque de « Allkauf » que la « Rennpappen » a pu s’écouler. Hans-Ulrich Wolff a pu obtenir son exemplaire dans un supermarché de Riesa en Saxe. Ce week-end là, comme un client habituel, il avait payé sa voiture à la caisse avec sa carte bleue, à la grande surprise de tous les anciens conducteurs de Trabant contraints par le régime de la RDA !
Au fil des ans, les préoccupations sécuritaires ont eu raison de la fascination de Hans-Ulrich Wolff pour la Trabant. « Mais je ne pouvais pas la vendre comme cela. Je voulais aussi l’emmener à Berlin pour le 25ème anniversaire de la chute du Mur de Berlin et surtout traverser à son volant la Porte de Brandebourg » raconte-t-il. C’était en 2005. Il a profité du fait qu’un moteur de VW Polo était monté à l’époque sous le capot des dernières Trabant, un moteur quatre-temps de 42 ch pour un poids à vide de 735 kg pour concrétiser une belle idée : la donner au musée VW.
C’est ainsi que la Trabant a fait le voyage de Hambourg à Wolfsburg en octobre 2005 : fraîchement lavée avec un jeu de pneus hiver dans le coffre, Hans-Ulrich Wolff l'a personnellement conduite pour son entrée dans la collection du Volkswagen Auto Museum sur la Dieselstrasse. Après une invitation à déjeuner au château de Wolfsburg, il est rentré chez lui avec un reçu pour un don de plus de 2,000 euros et l'assurance susmentionnée dans ses bagages. 9 ans plus tard, à l'été 2014, presque personne à Wolfsburg ne s'en est souvenu lorsque Hans-Ulrich Wolff a gentiment demandé quand exactement il pourrait prendre « sa Trabi » pour se rendre à Berlin !
Avec frénésie, après dix ans d’arrêt, on a commencé à remettre la citoyenne de la RDA en forme. Une question d'honneur chez Volkswagen. Et l’après-midi du samedi 8 novembre 2014, elle a roulé jusqu'à Berlin, parfois même à plus de 130 km/h sur la voie gauche de l'autoroute A2. Partout où la Trabant blanc atlas apparaissait, les gens lui faisaient signe et la mitraillaient de photos. Des clichés inoubliables même si la traversée de la Porte de Brandebourg n’a malheureusement pas été possible. Après tout, de nombreuses autres personnes voulaient aussi célébrer le 25ème anniversaire de la chute du Mur...
Lu sur : https://www.motorsport-total.com/auto/news/25-jahre-mauerfall-ein-trabant-und-ein-versprechen-14111401
Pour de belles photos : https://www.auto-medienportal.net/artikel/detail/28592
Adaptation VG