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En Russie, le marché de l’occasion se divise en deux : d’un côté les voitures étrangères et de l’autre les production de l’Usine Automobile de la Volga. Za Roulem revient sur l’un des plus grand succès de la marque de Togliatti.

Demandez à ceux dont la jeunesse s’est terminée fin des annés 1980 - début des années 1990 à quelle voiture ils rêvaient à cette époque. Tous répondront : « A la Deviatka ! ». Ils penseront en fait à toutes les tractions avant de la marque car il n’y a pas que la « Deviatka » (VAZ-2019) qui faisaient rêver. Il y a avait aussi la « Vosmerka » (VAZ-2108) - « C’était presque un coupé ! » - et sorte d’apothéose la VAZ-21099 couleur « asphalte mouillée » ! Ces voitures faisaient rêver tous les citoyens dans le pays, même ceux qui n’avaient pas le permis de conduire. Les débats sur la question de savoir « Est-ce que les ailes longues sont meilleures que les courtes ? » auraient pu remplir des salles de cinéma et pour devenir propriétaire d’une « Spoutnik » en super pénurie (c’est le nom qui était donné en Russie pour tous les modèles Samara) sans passer par la liste d’attente, on se séparait facilement d’un studio !

Aujourd’hui, les « Voskmerka » et « Deviatka » ne font plus rêver mais elles continuent à plaire car on peut les trouver facilement, sont robustes, faciles à entretenir et offrent de bonnes qualités de conduite. A côté des voitures produites pour le marché intérieur, il est également possible de trouver des versions « ré-importées » ayant effectué leurs 50 mille premiers kilomètres sur les routes d’Allemagne, de France ou de Roumanie. Occasionnellement, on trouve aussi des voitures plus exotiques comme des conduites à droite, des cabriolets ou des exemplaires fabriqués en Finlande. Avec beaucoup de chance, vous pourrez tomber sur une version à quatre roues motrices de la VAZ-21099, la « Lada Victory » avec une transmission de Volkswagen Golf Syncro. Mais il sera plus facile de faire pousser une citrouille de la taille du réservoir de 43 litres de la Samara que de tomber sur une « Cendrillon » comme celle-ci en bon état. Reste les VAZ-21099 normales qui font partie des Samara les plus prisées sur le marché de l’occasion.

On les trouve à partir de 30,000 roubles pour une franche poubelle jusqu’à 250,000 pour une des dernières produites en état d’origine sans la moindre velléité de tuning. Il faut d’ailleurs signaler que c’est justement pour sa première traction avant que la Russie a développé toute une gamme d’accessoires au degré d’utilité variable. Et c’est pour cela que l’on achète encore ces voitures pour les transformer en pseudo-voiture de sport.

Autre secret de leur popularité, la disponibilité des pièces de rechange qui permet de restaurer une voiture en très mauvais état pour un prix très modéré (même comparé à d’autres voitures pas chères). Jugez-vous-même : un panneau latéral pour 2,200 roubles quand il vous en coûtera 10,860 roubles pour une Uz-Daewoo Nexia. Un capot pour une 21099 coûte 1,980 roubles. Celui de la Nexia 8,400. Etonnamment, les pièces coûteront souvent moins cher que leur mise en peinture. Imaginez que rénover la carrosserie et remonter un moteur avec carburateur sur votre VAZ vous reviendra à 35,400 roubles !

Hélas, et il n’y a pas de quoi se vanter, les versions diesel - même si l’usine en a fabriqué - n’ont jamais été produites en série. Sous le capot de la 21099 on ne trouve que des moteurs essence, en majorité le 1,3 et le 1,5. Plus rare, mais on en voit parfois, la version export équipée d’un moteur 1,1. Les changements ont porté uniquement sur le système d’alimentation : le carburateur a été remplacé par l’injection. Cette monotonie n’est rompue que par des voitures à moteur rotatif, mais vous ne pourrez en trouver que sur les marchés de Togliatti. Et la boîte, bien sûr, n’est que manuelle.

La grande expérience des mécaniciens permet de faire entretenir et réparer ces voitures de Kaliningrad à Oulan-Oude. Les problèmes ne peuvent survenir qu’en raison du manque de certaines pièces mais pas par le manque de mécaniciens. Refaire l’ensemble de la suspension ne nécessite pas de grandes recherches d’autant plus que les pièces sont disponibles auprès de sept ou huit fabricants. Inconvénient de cette abondance : les pièces sont parfois de qualité douteuse. Mais il faut toutefois relativiser par le fait qu’aucun constructeur n’est à l’abri des contrefaçons.

Nous avons été regarder de près un exemplaire du rêve automobile soviétique. Nous avons choisi une VAZ-21099 de 2002 avec 97,000 km au compteur. Son prix : 185,000 roubles. « Rapsodie 448 » c’est le nom de la merveilleuse teinte bleue qui recouvre la carrosserie. En dix ans, cette peinture a été rénovée plusieurs fois et c’est pourquoi la voiture paraît toujours aussi pimpante. Le capot, les ailes avant et les deux portières montrent que la peinture n’a pas été appliquée par l’usine. A l’arrière l’épaisseur de la couche de peinture montre que l’aile gauche a probablement été retouchée suite à un accident. Il s’agit peut-être aussi d’antirouille mais on ne trouve aucune trace de perforation.

Les répétiteurs latéraux de clignotants ne sont clairement pas d’origine puisqu’ils sont blancs. Extérieurement on remarquera enfin les vitres teintées. Essayez aujourd'hui de trouver un modèle sans cette option... Vous pourrez dire la même chose des phares : son propriétaire a monté des xénons. Est une bonne chose ? Le contrôle technique vous le dira.

A l’intérieur, on trouve le tableau de bord dit « haut ». S’il ne provoque aucune émotion aujourd’hui, les gens étaient autrefois divisés en deux camps. Ses partisans saluaient son compte-tours et l’autoradio situé plus haut ce qui était plus pratique. Ses opposants arguaient que les aérateurs du tableau de bord « bas » fonctionnaient mieux. Dans les deux cas, l’usine n’a jamais réussi à résoudre les problèmes de couinements internes et le propriétaire a préféré tout fixer avec des vis. C’est inesthétique mais au moins cela ne fait plus de bruit ! Le ciel de toit n’est pas taché ce qui est un gros plus et les sièges sont très propres.

Sous le capot, vous ne pourrez pas manquer la barre anti-rappochement jaune. Les mesures de compression montrent que le moteur est bon et les réglages de suspension sont dans les normes. Il faudra changer la courroie de distribution dans les 20,000 km. Des dépenses supplémentaires ne sont donc pas à prévoir à court terme.

L’essai de 20 minutes m’a fait remonter dans le passé. L’absence de direction assistée et de climatisation m’a rappelé comme j’ai été chercher à la maternité ma fille aînée à bord de ma propre « Deviatka » couleur « Cerise 127 ». En général, les impressions sont plus positives que négatives. Le bruit a l’échappement est dans la norme, les cardans ne craquent pas en manœuvre. On a l’impression que les deux propriétaires précédents l’ont traitée avec beaucoup d’amour et que le kilométrage annoncé est bien réel. Si vous trouvez une voiture identique vous pourrez l’acheter les yeux fermés !

La VAZ-21099 est une voiture sans prétention, qui consomme peu et sa puissance fiscale est tout simplement ridicule. Ses qualités routières sont élevées et cela n’est pas pour rien que Porsche a participé à la mise au point de la première traction avant de Lada. Si vous avez un peu plus de 40 ans, cette voiture devrait provoquer un peu de nostalgie en vous. Si vous êtes plus jeune, vous comprendrez pourquoi pour vos parents la 21099 était synonyme de « vie réussie ». Un peu comme aujourd’hui quand vous possédez un smartphone ou une tablette d’une certaine marque. D’ailleurs la voiture a un ordinateur de bord ! Il n’est bien sûr pas d’origine mais il affiche toutes les informations nécessaires. A l’époque, on n’en rêvait même pas !

Lu sur : http://www.zr.ru/content/articles/442411-vaz-21099_velikaja_otechestvennaja_mechta/
Adaptation VG

Tag(s) : #Histoire, #VAZ, #Lada, #21099, #Marché