En Russie, il n’y a qu’une Lada dans le championnat professionnel de drift. Mais quelle Lada ! La « Piaterka » de Fedor Vorobiev est tellement peu ordinaire que même les organisateurs de la « Course du millénaire » les ont invités, lui et sa voiture.
Fedor Vorobiev a commencé en 2008 à participer à des courses au volant d’une VAZ-2105 à l’époque où, dans le pays, le drift professionnel n’en était qu’à ses balbutiements. On faisait alors des courses entre des cônes. Pour ce type d’épreuve, le moteur d’origine modifié avec des carburateurs horizontaux Weber DCOE, l’arceau de sécurité et la suspension renforcée couplés à l’habileté du pilote, permettaient à cette Lada de rivaliser avec de puissantes voitures étrangères. Il a ainsi remporté sa première victoire sur une épreuve de drift en battant en finale une Nissan Silvia S14 avec un moteur RB26DETT sérieusement modifié.
Beaucoup de temps a passé depuis et les bolides de ses adversaires ont été améliorés et leurs capacités ont augmenté. Fedor Vorobiev a été obligé de s’éloigner des circuits de la Russian Drift Series (RDS) durant quelques saisons mais, à la fin de l’année dernière, il a décidé de revenir participer à ce championnat avec sa VAZ-21053.
A la question « Est-il difficile de construire une voiture de drift de production nationale ? », Fedor Vorobiev répond : « Beaucoup de gens rêvent d’une telle voiture et supposent qu’elle ne coûtera pas chère à préparer. Mais ce n’est pas le cas. Si vous voulez créer une voiture de course sur base VAZ, en particulier pour participer aux épreuves de drift du championnat le plus important du pays - le RDS - alors vous devrez investir beaucoup d’argent, de temps et d’efforts. Les pièces sont chères, il faut de l’argent pour entretenir les voitures et il faut aussi payer la main d’œuvre si vous ne pouvez pas faire les choses vous-mêmes ».
Il convient de noter qu'à l’automne 2015, on trouvait déjà sous sous le capot de la Jigouli de Fedor Vorobiev un moteur Nissan SR20DET Red Top de Silvia S13. C’est après avoir pesé tout le pour et le contre qu’il lui est venu à la conclusion qu’il avait tiré tout le potentiel de ce bloc. Il a donc décidé de changer encore une fois de moteur pour un 2JZ-GTE de Toyota Aristo. Le moteur seul avec le câblage standard coûte à lui seul 150,000 roubles et il fallait encore fiabiliser le montage !
Avec quelques petites améliorations on peut déjà en tirer environ 500 chevaux, contre 280 d’origine. C’est actuellement l’un des moteurs les plus populaires chez les professionnels du drift. On peut le trouver sous le capot, non seulement de japonaises, mais aussi des de voitures allemandes ou américaines. Mais pour le placer dans les entrailles d’une Lada Classique, il a fallu travailler dur. Au final cela rentre sans même toucher les longerons même s’il a fallu le monter plus profondément vers l’intérieur. Pour ce moteur, il a aussi fallu trouver la boîte de vitesses adéquate. Le choix s’est porté sur une R154 de Toyota Supra qui, avec son embrayage Clutch Net, a coûté également 150,000 roubles. Le tunnel de boîte a bien sûr été modifié. Et comme il prévoyait de faire souffler plus fort le turbocompresseur, Fedor Vorobiev a investi dans un boîtier électronique AEM qui associé à la modification de câblage et le remplacement des injecteurs de carburant a rajouté encore 250,000 roubles au prix de la voiture !
La suspension est un élément essentiel dans une voiture de drift. Elle a donc été complètement redessinée. Ont été choisis des triangles avant Club Turbo légèrement retravaillés pour atteindre les cotes souhaitées. Des ressorts de « Volga de poursuite », des amortisseurs de Mitsubishi Pajero et de des moyeux de VAZ-2109 ont également été installés. La suspension arrière avec un réducteur R200 provient entièrement d'une Nissan Silvia S15 avec des éléments Tein ainsi que les ressorts et les amortisseurs d’une Ford Capri de circuit.
La carrosserie de la voiture ne passe pas non plus inaperçue. Fedor Vorobiev a installé un kit VFTS original en carbone avec ses extensions d’ailes et son spoiler avant caractéristiques. Le capot et le coffre sont en plastique et toutes les vitres, sauf le pare-brise, sont en polycarbonate.
Cette Jigouli, par ses caractéristiques, est très exigeante pour son pilote. La voiture est difficile à conduire en raison de son empattement réduit. Il est facile de rater les dérives et il faut toute l’habileté de Fedor Vorobiev pour maintenir la voiture sur la piste. Et imaginez qu’il commence à faire déraper la voiture aux alentours de 110-140 km/h ! Il faut aussi noter que sur chaque épreuve du RDS cette VAZ-2105 brûle environ 30 pneus !
Malgré un grand nombre de transformations, le projet de Fedor n’est pas encore terminé. Durant l’intersaison, Fedor Vorobiev prévoit d’installer la suspension avant d’une Nissan Silvia, de rallonger l’empattement de 10 cm, de rabaisser la voiture de 5 à 7 cm et de monter des jantes de 17 pouces. Il est aussi question de modifier l’échappement et de porter la puissance du moteur à 600 chevaux ! Rien que cela !
Lu sur : https://auto.mail.ru/article/62733-pravilnye_zhiguli_500_loshadinyh_sil_i_1_5_milliona_rublei/
Adaptation VG