Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Kalina NFR : un avion de chasse russe.

Ouïes spectaculaires sur le capot, roues de 17 pouces, pneus à profil bas, silhouette à raz du sol, aileron barbare sur le hayon... Une Kalina ? Vraiment ? Oui une Kalina. Et plus précisément sa version de « chasse », la Kalina NFR.

Le département compétition d’AvtoVAZ, « Lada Sport », a enfin eu la possibilité de montrer de quoi il est capable. Et il ne s’est pas raté. La Lada Kalina NFR, c’est comme on dirait chez les britanniques, une « Hot Hatch » sans concession prête à rivaliser avec les leaders mondiaux de la catégorie. Comment a-t-on réussi à faire de la Kalina une vraie voiture de sport ?

En fait, rien de bien nouveau. C’est le 16 soupapes bien connu, un moteur pourtant paisible, qui joue un rôle clé dans la nouvelle image de Lada. Avec des conduits d’admission et un échappement spéciaux, une programmation optimisée, la puissance est portée à 140 ch. Le berceau avant original avec une direction directe, dispose d'une suspension et des freins empruntés à la Renault Megane - une voiture « civile » mais plus grande et plus lourde - joue également ici un rôle clé.

Les moyeux à cinq trous ont permis d’installer sur la Lada ces belles et efficaces roues de 17 pouces. Les nouveaux amortisseurs et ressorts avant offrent à la voiture une vivacité inédite dans les virages. La direction aux rotules originales et le nouveau berceau moteur ont permis de nouveaux réglages de suspension. En terme d’architecture et d’idéologie, cette Kalina NFR est donc une voiture entièrement nouvelle.

Quand on monte à bord la première chose qui attire l’attention est le volant et l’instrumentation. Sur la jante du volant en cuir, on trouve un point zéro cousu avec le même fil jaune que les logos « NFR » figurant sur le dossier des sièges. Ces touches de jaune sont une goutte d’eau dans ce qui permet de distinguer l’intérieur de la NFR par rapport à la Kalina de base (s’il n’y avait ces sièges baquets le volant paraît presque d’origine) mais il s’agit tout de même d’un détail bien senti.

Le tableau de bord prend vie quand on met le contact. Au début, l’image d’une Lada Kalina (pas une sportive mais un modèle de base !) apparaît entre les deux compteurs (qui sont d’ailleurs inversés par rapport à une Kalina normale) et les aiguilles rouge rétroéclairées des compteurs font un bon spectaculaire avant de revenir à zéro. Chouette, non ? L’instrumentation est fournie par la société Ferrum de Togliatti qui propose depuis longtemps ce type de tableau de bord pour les amateurs d’exclusivité.

Comme c’est de tradition pour les compteurs Ferrum, on trouve une foule d’informations avec des chiffres concis au dessin spectaculaire. Mais est-ce approprié pour une voiture de sport ? On pourrait en douter mais sur circuit finalement, la lecture du tachymètre ou du moment opportun pour passer un rapport se fait sans aucun problème. De toute manière, en quelques tours, on s’habitue au vrombissement de baryton du moteur et l’on passe rapidement les vitesses à l’oreille. Le moteur et ses 140 ch grimpe avec plaisir vers les 6,000 tours et les aiguilles des compteurs s’animent de manière dynamique.

Quand vous tournez la clé de contact (de manière totalement habituelle et avec une clé de Kalina normale) vous réveillez une véritable bête sauvage sous le capot. 100% des fans de la marque Lada seraient prêts à payer pour entendre un bruit pareil. C’est un « bou-bou-bou » profond, qui fait trembler légèrement la caisse et qui est pratiquement identique à celui des Kalina NFR de rallye ou de circuit qui ont déjà connu de beaux succès dans les championnats russes. Le ralenti est assez élevé et légèrement instable : l’aiguille du compte-tour doublée par un afficheur digital donne un chiffre précis - de 1250 à 1400 tr/min.

Nous aimerions vraiment y aller, mais le commissaire de la piste du polygone de Sosnovka où l’on a eu la chance de prendre le volant de la bête ne nous autorise pas à rentrer en piste. La voiture précédente n’est pas encore partie depuis assez longtemps. En attendant nous n’hésitons pas à jouer avec la pédale d’accélérateur recouverte de métal. Le moteur rugit furieusement sous le capot. Désormais nous savons que le limiteur de régime entre en fonction à exactement 7,000 tr/min. Les couvre-pédales font partie des détails de cette voiture qui sont facilement visibles, et pas seulement du conducteur. Nous n’avons plus le temps de nous attarder sur l’aspect extérieur et les accessoires de la NFR...

Les premières impressions, malgré le bruit du moteur, sont que nous nous trouvons au volant d’une voiture de tous les jours. Pourquoi ? A cause de la position de conduite. Avec un tel bruit-moteur, avec un tel potentiel en matière de tenue de route et de freinage, on aurait aimé être assis plus bas. Oui, avec la Kalina NFR, il a fallu faire un compromis. Le budget alloué pour rester dans une prix raisonnable n’a pas permis de faire toutes les modifications possibles. Pourtant, les sièges sont bons. Ici le soutien lombaire, mal placé sur les Granta et Kalina sport, est exactement à l’endroit où il doit être. Les sièges offrent aussi un bon maintien latéral et de larges appuie-têtes... Le commissaire nous donne le feu vert, maintenant nous pouvons vraiment y aller !

Si vous réussissez à démarrez sans patiner (ou presque sans patiner), les pneus Hankook montrent tout leur potentiel avec le moteur et la boîte de cette Kalina de « chasse ». Des performances à couper le souffle : 8,5 secondes de 0 à 100 km/h. Et le freinage n’est pas en reste. Les sensations sont identiques à celles que l’on peut ressentir dans des montagnes russes ou lors d’un saut à l’élastique ! Nous n’avons même pas réussi à déclencher l’ABS sur l’asphalte sec de notre circuit et malgré les sollicitations intensives la voiture freinait toujours aussi bien et toujours en ligne.

Bien sûr, cela fait longtemps que l’on peut connaître ce genre de sensations à bord de modèles de marques bien connues, mais maintenant vous pouvez ressentir aussi cela à bord d’une Lada. Oui au fait, c’est une Lada ! Regardez, elle plonge dans les courbes à des vitesses supérieures à 100 km/h. Les pneus commencent à crisser mais il n’y a presque pas de sous-virage. Au contraire, elle est magistrale, prévisible, agréable et on perçoit l’excellent contrôle des quatre roues. Génial !

Bref la Kalina NFR est la voiture parfaite pour le sport. Equilibrée, rapide, aux réactions précises. Et n’ayons pas peur du terme, c’est une belle voiture. Ce n’est pas par hasard que la revue « Automobile » a fait d’elle la meilleure voiture de sport de l’année dans la catégorie « sportive pratique ». La première voiture de sport russe a recevoir un titre ! La Kalina NFR a côtoyé la Porsche 911 Turbo S, la Jaguar F-Type R AWD, l’Audi SQ5 (qui ont gagné dans d’autres catégories) et d’autres pur-sang. Incroyable.

Est-ce pour autant une voiture avec laquelle vous pourrez rouler tous les jours ? A voir car la suspension pourra vous sembler trop dure. Et si vous avez l’habitude de voitures peu puissantes et conduisez principalement en ville, cette spécificité ne sera rien face à la pédale d’accélérateur « hypersensible ». La première moitié de la course de la pédale n’est pas du tout progressive comme peut l’être l’accélérateur des voitures modernes. Pour évoluer en douceur en première, seconde et même en troisième, il faudra effleurer la pédale. L’étagement de boîte semble d’ailleurs pour cette voiture plus ou moins pertinent.

Alors que penser de cette Kalina NFR ? Parfaite pour le prix et ses prédispositions à faire de la compétition ? Oui, indubitablement. Voiture de tous les jours pour tous ceux qui aiment conduire vite ? Oui mais à la condition de ne pas rechercher le confort et rêver rouler dans un crossover avec une suspension plus molle et une position de conduite surélevée. Dans ce cas, cette beauté n’est absolument pas faite pour vous.

La Kalina NFR a été présentée aux revendeurs de la marque et ses ventes doivent débuter fin septembre dans les grandes villes russes dans un réseau sélectionné. Va-t-on l’acheter ? L’achèteriez-vous, vous ? Peut-être pas comme voiture principale mais comme seconde voiture du foyer, elle serait idéale, non ?

Malheureusement non. Car le prix final de la voiture devrait tout de même vous en dissuader. Le prix initialement fixé aux alentours des 600 mille roubles, n’est pas encore confirmé. Avec la suspension de Renault Megane - les pièces sont totalement importées - et dans le contexte actuel, il devrait avoir fait un bond vers le haut. Le prix de la Kalina NFR devrait se situer autour des 750/800 mille roubles, soit pratiquement celui de la Skoda Fabia RS... ou par exemple, d’une Renault Clio RS d’occasion bien plus puissante.

Nombreux sont ceux qui ne sont pas encore prêts à voir une telle étiquette sur une voiture siglée Lada. Bien sûr, la crise et l’augmentation des taux de change ont compliqué significativement les projets d’AvtoVAZ et de Lada Sport en ce qui concerne la Kalina NFR. Malgré tout elle en donne pour son argent et d’ici la fin de l’année Lada Sport devrait en assembler 50 exemplaires.

Nous envions déjà leurs futurs propriétaires cet avion de chasse russe est vraiment exceptionnel.

Lu sur : http://www.kolesa.ru/lada/russkaja-borzaja-testdrajv-lada-kalina-nfr-2015-09-18
Adaptation VG

Tag(s) : #Lada, #Kalina, #NFR, #Sport, #Essai