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Syrena Bosto 105 B : elle aurait dû être belle.

L’apparition soudaine de la Syrena Bosto et de sa carrosserie pratique avait comblé un vide sur le marché où elle jouait le rôle de break familial et fonctionnel.

De nos jours nous pouvons choisir un modèle dans des gammes particulièrement étendues, mais il y a quarante ans la situation était bien différente. Nombreux sont ceux qui ne pouvaient même pas rêver de posséder leur propre voiture et ceux qui étaient en mesure d’en acheter une n’avaient pas beaucoup de choix. Ce n’était même la peine de penser à un break puisque les quelques modèles disponibles étaient tout simplement réservés à des personnalités triées sur le volet. Étonnamment l’alternative est venue de là d'où on s'y attendait le moins, de la campagne polonaise. Au début des années 70, on avait ainsi commencé a travaillé sur un véhicule utilitaire léger destiné aux agriculteurs.

La voiture était censée être bon marché et pratique : elle devrait pouvoir accueillir quatre personnes (ou deux en ôtant la banquette arrière) et une grande quantité de marchandises. La solution idéale fut rapidement trouvée. On pouvait créer ce nouveau véhicule sur la base de la Syrena. Une des propositions fut donc une fourgonnette développée à Biesko-Biala basé sur le modèle 104 et qui reçut le nom de 104B. C’est pourtant un autre projet qui entra finalement en production, le pick-up R-20, mais il s’avéra rapidement qu’il existait une forte demande pour une petite fourgonnette et c’est ainsi que dès 1974, la chaîne de production de la FSM commença à livrer les premières Syrena Bosto, basées sur la Syrena 105.

On pense souvent que la Bosto est une simple Syrena modifiée mais les changements structurels étaient bien plus importants qu’il n’y paraît. En fait la Syrena 105 s’arrêtait à la hauteur du montant central et tout le reste était entièrement nouveau. Elle avait été développée en 1971 par la Direction externe du centre de conception et de recherche de l’industrie automobile POLMO, qui un an plus tard a été transformée en Centre de recherche et de développement des voitures de petite cylindrée BOSMAL.

Un certain nombre de modifications majeures faisaient leur apparition. On avait ainsi développé une toute nouvelle suspension arrière. Au lieu du ressort à lame transversal, on trouvait un essieu supporté par deux ressorts à lames placés longitudinalement ce qui avait permis d’aménagement un plancher plat et d’augmenter la rigidité de la construction. Le châssis était également modifié, l’empattement étant augmenté de 200 mm. En travaillant sur la Bosto, BOSMAL avait également développé un système de freinage à double circuit qui équipera ensuite tous les modèles de Syrena.

Comme il s’agissait d’un modèle destiné au monde agricole, la présentation de la Bosto n’a pas eu lieu lors d’un salon de l’automobile mais... lors du Festival national des récoltes de Myslecinek de 1972. Sur le stand des réalisations de l’agriculture de Bydgoszcz et en collaboration avec l’Union de l’Industrie Automobile POLMO la Syrena Bosto était présentée avec une remorque à simple essieu. La nouveauté était d'ailleurs en bonne compagnie puisqu’elle côtoyait une Polski-Fiat 125p adaptée pour le transport des animaux et un spectaculaire Nysa R 521.

Bien que destinée à l’agriculture, la Syrena Bosto plut beaucoup aux utilisateurs ordinaires pour lesquels la culture de la terre était souvent limitée à un jardin dans une arrière-cour ou une petite serre pour la culture de tomates. Lors de cette présentation les avantages de la 104B avaient été déjà mis en évidence. La Bosto conviendrait parfaitement comme fourgonnette de livraison et la remorque serait adaptée pour partir faire du camping. Tout semblait donc rouler pour le mieux et on pouvait s’attendre à une issue heureuse : la voiture irait au bout de son développement, entrerait en production et susciterait l’intérêt des acheteurs !

Malheureusement, comme à l’habitude à l’époque de la PRL, il ne pouvait pas ne pas y avoir un « couac ». Et même deux. Tout d’abord, les premiers exemplaires ont été vendus avant même que la voiture ne soit homologuée ce qui signifie que les acheteurs avaient une voiture avec laquelle il n’avait pas le droit de rouler ! L’autre problème est que quand l’appel d’offre a été lancé on parlait d’une « voiture de livraison universelle » et qu’à la fin on parlait d’un « camion léger pouvant transporter plusieurs personnes ». Ce terme de « camion » s’est avéré être un désastre. Alors que le premier problème s’est résolu en passant les tests nécessaires, la qualification de la Bosto en camion signifiait un calcul différent pour les primes d’assurance, des règles de circulation particulières et d'autres restrictions prévues pour ce type de véhicule !

Pourtant la Bosto avait peu de choses en commun avec un camion. C’était comme si on comparait la police anti-émeutes (ZOMO) avec Caritas. Ce paradoxe a collé à la peau de la Bosto pendant des années, entrainant bon nombre de maladies cardio-vasculaires à ses propriétaires ! On aurait pu rapidement la transformer en camping-car dans le style de Westfalia mais en Pologne il n’existait aucune société de ce genre... Beaucoup de polonais pour éviter de payer les taxes plus élevées en vigueur pour les véhicules utilitaires ont ainsi préféré refaire homologuer à leurs frais leur Bosto en camping-car !

En version 104 et 105, la Syrena était une bonne voiture : facilement disponible, peu coûteuse et facile à utiliser grâce à son moteur de 40 ch et sa boîte de vitesses synchronisée, une vraie révolution par rapport aux modèles précédents. Est-ce qu'elle était aussi peu confortable, peu sûre et bruyante ? A cette époque on ne prêtait guère d’attention à ce genre de détails. Pourtant à un moment donné la Syrena a commencé à être franchement dépassée. Dans les années 80, c’est la Maluch qui avait conquis les cœurs et les parkings des Polonais. De plus, les derniers modèles de Syrena étaient de vraiment piètre qualité car l’appareil de production n’était plus entretenu comme il aurait dû l’être et le constructeur les vendait avec des défauts, allant même jusqu’à en fournir la liste !

La Syrena était devenu un objet de moquerie, en particulier dans sa version utilitaire. Celles qui n’ont pas été détruites ont souvent terminé leur vie envahie par les herbes folles au fond d'un jardin. C’est pourquoi l’achat d’un exemplaire en bon état est devenu aujourd’hui un problème. Krzysztof Sachs a eu beaucoup de chance. Sa « Bostonka » n’avait que 14,000 km et était en parfait état quand il l’a achetée il y a 10 ans. Son ancien propriétaire était tombé en larmes quand il l’a vendu.

Depuis la voiture a effectué plusieurs milliers de kilomètres de plus et mis à part le remplacement des ailes avant (une maladie commune à toutes les Syrena), elle n’a nécessité que l’entretien courant. Elle a participé à de nombreuses manifestations (y compris en Lituanie) et s’y est toujours rendu par ses propres moyens.

Légende des photos :

  • L’intérieur bien connu du modèle 105 mais avec quelques différences : le levier de frein à main est situé entre les sièges avant est légèrement plus court que sur la version passager.
  • Bosto c’est l’abréviation de « Bielski osobowo-towarowy » (version « passager et marchandises de Bielsko »).
  • Les sièges arrière peuvent être facilement enlevés offrant une large et plate surface de chargement.
  • Les prototypes étaient basés sur la Syrena 104 et le modèle de série sur la Syrena 105.
  • Les occupants des sièges avant disposent d’une ceinture de sécurité de la marque Faser.

Lu sur : http://klasyki.auto-swiat.pl/syrena-bosto-105-b-a-mialo-byc-pieknie/w7whe
Adaptation VG

Tag(s) : #Histoire, #FSO, #FSM, #Syrena, #Bosto, #Utilitaire