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Tout le monde ne sait pas que l’héroïne de blagues innombrables, la Zaporojets surnommée « Gorbaty » (« la bossue » en russe) a en fait des racines italiennes. Retour sur l’histoire de la ZAZ-965.
Vers le milieu des années cinquante, le niveau de vie en URSS a considérablement augmenté. Les salaires de la classe ouvrière ont fait un bon en avant et le pays a commencé à ressentir le besoin d’une voiture pas chère fabriquée en masse. De plus, en 1956, la production de la Moskvitch-401 a été arrêtée et on ne savait pas alors encore trop quel modèle prendrait cette place de voiture du peuple ni dans combien de temps il apparaîtrait. La conception de cette voiture a alors été confiée aux spécialistes de MZMA, l’Usine Moscovite de Voitures de Petite Cylindrée (qui deviendra plus tard AZLK).
L’expérience automobile mondiale avait montré qu’une petite voiture ne peut pas être la copie en réduction d’un modèle plus grand déjà existant. C’est pourquoi la simple idée de réduire la Moskvitch-402, déjà pas bien grande, avait été immédiatement rejetée. A l’étranger il y avait suffisamment d’exemple de ce que doit être une petite voiture. La moitié de l’Europe roulait déjà en voitures de ce type : Renault 4CV française, VW Coccinelle allemande, Fiat 600 italienne. Concevoir une voiture en partant de zéro était une perspective trop coûteuse et fastidieuse et sans aucune raison particulière c’est cette dernière qui a été choisie comme modèle à copier. Comme la plupart des petites voitures européennes, la future voiture soviétique aurait donc un moteur à l’arrière et la propulsion arrière.
Il faut dire tout de suite que les ingénieurs soviétiques travaillaient avec une certaine fierté puisque mêmes les tous premiers prototypes de la « Gorbaty » étaient visuellement déjà très différents de la Fiat 600 cette dernière ayant un arrière pentu. Au cours de sa conception, la Zaporojets a essayé beaucoup de moteurs. Initialement les ingénieurs ont installé un moteur bicylindre à plat à refroidissement par air de 748 cm3 inspiré du moteur Citroën. Ensuite ils utilisent une variante modernisée « 444-BKR » (sans réducteur de roue) et testent aussi un moteur de BMW-600. Finalement, le regard tourné sur le moteur de Coccinelle, ils conçoivent un moteur V4 refroidi par air qui sera disponible en deux versions - 746 cm3 et 887 cm3 - développant respectivement 23 et 27 chevaux. Ce moteur était facile à entretenir et on pouvait même facilement le démonter. Grace à ses dimensions compactes et sa simplicité, on pouvait même le réparer dans la cuisine d’une « khrouchtchevka » de taille moyenne (ces appartements individuels construits sous Khrouchtchev) !
Au printemps 1959, toute la documentation technique de cette petite voiture est transmise à l’Usine de Zaporojié et quelques mois plus tard, le 18 juin est présentée la première version de pré-série de la Zaporojets. Le modèle part alors pour une longue phase de tests. A l’été 1960, Nikita Khrouchtchev a même la possibilité de conduire un de ces prototypes. Malgré un gabarit conséquent, le Premier Secrétaire du PCUS s’installe assez facilement sur le siège passager puis à la place du conducteur. Il est assez content de la voiture et annonce qu’elle devra être disponible pour les gens ordinaire.
Le 22 novembre l’usine assemble les premières ZAZ-965 et elle sera fabriquée à environ 1,500 exemplaires jusqu’à la fin de la même année. Dès le début, le peuple soviétique réserve un accueil très chaleureux à la Zaporojets. La voiture est bon marché, économique à l’usage et offre de remarquables capacités hors des chemins carrossables pour une voiture de cette catégorie. Elle fait sur ce point bien mieux que la BMW ou la Fiat et si elle s’enlise dans la boue, la pousser n’est pas bien difficile puisqu’elle ne pèse que 610 kg.
En neuf ans la ZAZ-965 sera fabriquée à plus de 32,000 exemplaires mais sa production est stoppée dès 1969. Selon la version officielle la « Gorbaty » est mise à la retraite en raison de son niveau sonore élevé, ses faibles performances, son habitacle étroit et son petit coffre... C’est ainsi que se termine l’histoire de cette petite voiture, peut être pas la plus répandue, mais certainement la plus populaire.
Lu sur : http://5koleso.ru/articles/obzory/priklyucheniya-italyanca-v-sssr-kak-fiat-stal-zaporozhcem
Adaptation VG