Qu’est-ce qui est un hybride avec un nom qui signifie taureau, n’a qu’une corne (nota : jeu de mot dans le texte pour klaxon), a une nature sauvage et est un peu enragé sur les bords, grimpe les rochers comme un vieux moutain goat (chèvre des montagnes rocheuses) ? Vous ne savez pas ? Non ce n’est pas un lama malgré les similitudes dans leurs noms. Il s’agit du Lada Toro. Ne vous inquiétez pas. Personne avant vous n’avait pu répondre à cette question ! Le Toro est un nouveau modèle sur le marché australien et il n’a pas fait l’objet d’une large publicité... pas encore.
Ce petit tout-terrain possède un moteur conçu en Italie, est construit en URSS et dispose désormais d’un système d’injection électronique d’origine australienne. Confus ? Vous allez bientôt l’être car il y a une autre version de ce Lada Niva, avec son moteur italien et construit en URSS, qui est ensuite envoyé en Tchécoslovaquie où une partie de la carrosserie est découpée et dont la partie arrière est transformée en utilitaire avant d’être expédiée en Australie. Ce modèle c’est le Lada Niva Ute, dessiné en Australie spécifiquement pour une utilisation en Australie mais aussi pour être exporté. Le Niva est vendu dans un segment de marché où son manque de style ou sa finition douteuse ne constituent pas vraiment un handicap. D’ailleurs cela semble être moins un problème pour le Niva que pour la Samara.
Par le passé, nous avions été favorablement impressionné quand la Lada Niva a remporté une victoire de classe en 1987 et 1988 dans le difficile Australian Safari. On ne sort pas victorieux d’une telle épreuve avec un véhicule qui n’est pas fondamentalement satisfaisant. Mais nous avions encore quelques doutes. Après avoir conduit les derniers modèles dans des sentiers difficiles au sud de Sydney, nous avons désormais du respect pour les capacités en tout-terrain de ce petit véhicule et ce d’autant plus que nous lui avions réservé une série de tests très sévères ! Le terrain avait été préparé en creusant des trous plus profonds et des pierres avaient été enlevées pour rendre les franchissements plus difficiles. De plus nous leur avions réservé un passage où les deux roues opposées allaient tourner dans le vide et où le blocage du différentiel central ne pourrait pas aider. Mais leur faible poids leur a rendu la tâche facile et ils ont pu s’extraire facilement de ce mauvais pas.
Grimper des pentes raides, des collines rocheuses presque verticales qui arrêteraient beaucoup de vrais 4x4 purs et durs, a permis au Niva de montrer ce qu'il sait faire de mieux. C’est là que les capacités de la voiture deviennent apparentes. La suspension avant indépendante et l’essieu arrière disposent de ressorts hélicoïdaux à longs débattements qui pourront provoquer l’envie de tous, excepté peut-être des propriétaires de Range Rover et de ses dérivés. Dans tous les cas, le Niva aura ses quatre roues fermement posées au sol. Il a été rarement nécessaire d’enclencher le différentiel central. En revanche, l’utilisation de rapports courts a été plus régulière.
Les capacités « d’escalade » du Niva ont toujours été impressionnantes. Le Toro grâce à son injection dispose d’un avantage supplémentaire car sa puissance est délivrée de manière plus régulière ce qui inspire plus de confiance qu’un moteur alimenté par carburateur. Même dans les pentes les plus inclinées ou dans les devers les plus dramatiques, le Toro n’a jamais été mis en défaut.
Sur la route, le Niva démontre une fois de plus sa nature basique. Il roule assez bien – pour un 4x4 – mais cela s’accompagne du hurlement de sa transmission et de ses pneus. Mais son plus gros défaut, en particulier en conditions de tout-terrain extrême où la fluidité des gestes est plus que nécessaire, c'est son pédalier. La pédale d’accélérateur est beaucoup trop sensible, passant rapidement de pas assez à beaucoup trop, et la pédale de freins manque totalement de sensibilité, la course étant beaucoup trop longue. Mais comme Lada Australia a été suffisamment innovant en introduisant d’un côté un système d’injection de conception locale et le kit carrosserie du Toro, et de l’autre côté en dessinant le Ute, il ne serait pas étonnant de voir apparaître rapidement quelques modifications sur le pédalier pour corriger ces défauts.
La puissance qui n’est pas l’un des points fort du petit quatre cylindres 1570 cm3 a été boostée par l’installation d’un système d’injection d’origine australienne. Lada Australia s’est aperçue que la puissance de 56 kW revendiquée par l’URSS chute à seulement 52,9 kW quand il fonctionne avec de l’essence sans plomb australienne. En montant l’injection Haltech fabriquée par EFI Technology à Sydney et en la réglant pour atteindre l’efficacité énergétique maximale à tous les régimes, la puissance passe à 63kW, soit une hausse de 19%. Mieux, pour la route et pour le tout-terrain, le couple augmente de 23% de 116 Nm à 143 Nm ! Quant à la consommation de carburant, elle baisse de 1 litre aux 100 km.
Haltech ? Un nom familier, n’est-ce pas ? Si vous êtes un vieux lecteur de « Modern MOTOR », vous vous rappellerez que notre magazine a été profondément impliqué dans le développement du prototype du premier système d’injection Haltech en 1987. A cette époque nous travaillions sur une Ford Falcon suralimentée (pas turbocompressée) et nous avions besoin d’un système d’injection qui pourrait être programmé en fonction de nos besoins. Nous avons donc travaillé ensemble sur ce projet.
Mais revenons à la Toro. Ce nouveau modèle haut de gamme n’offre pas que l’injection électronique. Il dispose d’ailes élargies, de marchepieds, d’un pare-buffle à l’avant, d’un support de roue de secours à l'arrière et d’un crochet d’attelage. A l’intérieur on trouve des sièges SAS et des contre-portes recouverts de velours. On ne peut pas choisir la couleur : toutes les Toro sont de couleur rouge cerise et disposent d’un logo représentant un taureau et un striping de carrosserie. Par contre, on peut choisir les jantes et les pneus. Pour $18,750 votre Toro sera livré avec des jantes tôles de la même couleur que la carrosserie et des pneus Michelin. Pour $19,450 vous aurez le droit à des jantes alliage et des pneus Yokohama.
Cela semble être une sacrée bonne affaire. Le modèle de base est encore moins cher. Il est vendu seulement $13,885 ... ou $12,020 pour les agriculteurs qui peuvent demander une exemption de taxes. Le prix est d'ailleurs l’une des clés du succès des ventes de Niva en Australie. Le petit importateur vient d’atteindre la 5000ème vente de Niva en seulement 7 ans de présence. Une fierté pour l’ancien directeur de Nissan Australia, Steve Markwell, désormais directeur général de Lada Australia, qui a connu des moments difficiles dans l’établissement de la marque Lada dans le pays.
Un autre exemple de l’ingéniosité autralienne est le Lada Niva Ute. Le prototype a été dessiné et développé dans l’établissement de Lada Australia de Bertie Street à Port Melbourne, qui est en fait l’ancien atelier HDT Special Vehicles de Peter Brock. Idéal pour les conditions australiennes, ce 4x4 permanent a une capacité de chargement de 400 kg, sa longueur totale a été rallongée de 50,5 cm afin de dégager une surface de chargement de 1260 x 1260 mm. La plateforme est réalisée dans un acier zingué de 1,02 mm d’épaisseur. Les ridelles rabattables facilitent le chargement. Il y a aussi un couvre-tonneau et une barre de protection avant.
Des sièges plus confortables ont été installés ainsi qu’un autoradio cassette AM/FM Pioneer avec deux haut-parleurs. Le prix du Ute n’a pas encore été annoncé mais il ne sera pas aussi bon marché que Markwell l’aurait voulu. L’expédition de Russie en Tchécoslovaquie, puis en Australie, constitue un coût supplémentaire, comme le fait qu’il s’agit d’un Niva tout ce qu’il y a de
normal, qui est ensuite découpé et converti en Ute. Mais il pourrait trouver son marché là où sa suspension souple, sa transmission permanente et le blocage central de différentiel peuvent faire la différence et éviter de rester enlisé dans un bourbier !
De nombreux experts pensaient que Lada ne survivrait pas en Australie et même si nous sommes d’accord sur le fait que la marque a des lacunes en terme de qualité de construction et en matière de style, les caractéristiques de base de la Niva et la détermination de Lada Australia semble l’assurer de tenir de pied ferme cette niche du marché australien.
Lu sur : Modern Motor (Australie, 08/91)
Adaptation VG
PS : il s’agit de la traduction d’un article du magazine australien Modern MOTOR datant de 1991, qui était en vente sur eBay. Vous pourrez aussi les voir ici :
https://fotki.yandex.ru/next/users/nickmix/album/500003/view/1815788
https://fotki.yandex.ru/next/users/nickmix/album/500003/view/1815789
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