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A ce jour, cette voiture de 1992 n’a parcouru que 417 km. Lorsqu’elle a été rachetée à son premier propriétaire, il y a quelques mois, elle en avait encore moins ; 161 km ! La voiture avait passé toute sa vie dans un garage, dans une petite ville de la région de Kharkov.

Cette Moskvitch appartenait à la femme du président d’un kolkhoze local. Elle détenait un record de traite ! En un an, elle avait tiré plus de 3,000 litres de lait à la main, et pour la récompenser l’Etat lui avait donné la chance d’acheter une voiture neuve sans devoir figurer sur liste d’attente.

C’était en 1992. L’Union Soviétique s’était déjà désintégrée et il n’y avait pratiquement pas de voitures étrangères. Les voitures domestiques jouissaient encore d’un certain prestige et restaient désirables. Surtout dans les républiques de l’ex-URSS désormais indépendantes qui avaient conservé des relations commerciales très fortes et où les livraisons de voitures neuves avaient continué. Le pays connaissait une énorme inflation et l’argent se dépréciait : les étiquettes de prix étaient modifiées presque tous les jours. Dans de telles conditions, l’achat d’une voiture neuve était un excellent moyen pour placer ses économies personnelles.

Cette 2141 a été achetée dans un magasin spécialisé de la ville de Dniepropetrovsk avec des coupons qui, au début de 1992, servaient de monnaie officielle en Ukraine. La voiture a ensuite parcouru environ 160 km jusqu’à un garage où elle a été stockée jusqu’à récemment. Pour une raison quelconque, les premiers propriétaires qui possédaient aussi une Niva et une 2106, détestaient cette Moskvitch et c’est pourquoi ils avaient décidé de ne pas rouler avec et de la conserver pour des « jours meilleurs ».

On s’est souvenu de la voiture à la mort de ses propriétaires. Leurs héritiers ont voulu remettre la voiture en route et l’utiliser mais au denier moment ils ont décidé de la vendre…

Le garage était sec et c’est pourquoi la carrosserie de cette Moskvitch « Ophelia » (une teinte fournie par la société yougoslave Helios) est parfaitement conservée. Le modèle 2141 est pourtant connu pour sa faible résistance à la corrosion et la mauvaise qualité de traitement de son métal et de sa peinture. Il y a même eu des cas où des 2141 neuves étaient totalement pourries après une seule année d’utilisation.

Cet exemplaire souffrait d'un problème de surchauffe moteur. Comme elle avait été stockée trop longtemps, le liquide antigel versé en usine s’était en partie cristallisé et obstruait les canaux de refroidissement dans le moteur. Il a fallu les nettoyer et vidanger entièrement le système : maintenant le moteur OuZAM-331 de 71 chevaux fonctionne comme une horloge et démarre au quart de tour. Pour son redémarrage, l’huile, les filtres et la batterie ont également été remplacés.

On peut juger de l’état de la voiture à la seule vue des plombages d’usine restant sur les portes, sur le câble du compteur de vitesse et sur le dossier de la banquette arrière. Par exemple, la portière arrière droite n’a jamais été ouverte, comme en témoigne le plomb marqué AZLK. Dans l’habitacle on trouve toujours les protections en polyéthylène posées par l’usine.

Il est à noter que cet exemplaire est équipé d’un récepteur radio « Belina-315 ». Dans la boîte à gants, on trouve la notice d’utilisation de cet appareil simple ainsi que les restes du livret d’entretien (qui a été mangé en partie par les souris) ou le manuel d’utilisation du modèle 2141.

La voiture est équipée de pneus radiaux avec chambres à air MI-180 en 165/80 R14 de production soviétique. Dans le coffre, outre la roue de secours, on trouve les enjoliveurs en plastique d’origine, un jeu de bavettes avant, le cric et une trousse à outils. En un mot, tout ce qu’on pouvait trouver alors dans la voiture !

La production de cette berline hatchback à 5 places a débuté à la fin de 1986. Les 245 premières voitures ont d’ailleurs été attribuées à des employés d’AZLK et à des vétérans de la Grande Guerre Patriotique sur décision du Comité Exécutif de Moscou. La fabrication en série de la Moskvitch 2141 n'a réellement commencé qu'en 1987.

Au moment de sa sortie, « l’Aleko » était la voiture la plus aérodynamique produite par l’URSS : son coefficient de traînée ou Cx était de 0,35. La voiture avait été dessinée pour que la lunette arrière ne soit pratiquement pas éclaboussée lorsque l'on roulait, ce qui avait permis de se passer de l’essuie-glace dans la configuration de base.

Durant les premières années de sa commercialisation, la 2141 était considérée comme une voiture très prestigieuse en URSS. En termes de caractéristiques et d’ergonomie, ce modèle dépassait non seulement les VAZ, plus compactes et plus étroites, mais aussi la GAZ-2410 Volga, si désirable et inaccessible pour le citoyen moyen. Mais le principal problème de cette voiture était la faible qualité de sa fabrication et de ses pièces. En outre, la voiture n’a jamais pu avoir un moteur moderne et a reçu des motorisations plutôt faibles (pour une si grande voiture) et dépassés : VAZ-2106-70 (1,6 litre de 80 ch) et OuZAM-331,10 (71 ch). Avec ce dernier, les accélérations étaient catastrophiques : le 0 à 100 km/h était effectué en 19 secondes (16 secondes avec le moteur VAZ).

On considère aussi que la Moskvitch-2141 avait le plus haut niveau de sécurité passive de tous les modèles développés et produits en masse en URSS. Même au milieu des années 1990 elle pouvait être comparée aux modèles de production étrangère grâce à sa conception bien pensée, qui en cas de collision frontale absorbait la majeure partie du choc, protégeant ainsi le conducteur et les passagers, et l’utilisation d’élément intérieurs de sécurité.

A découvrir dans la vidéo ci-dessous.

Légende des photos :

  • Cette voiture de 25 ans n’a pratiquement jamais roulé.
  • Qui sait à quoi correspond la lettre S dans le logo ?
  • Ces derniers mois, la voiture a roulé environ 250 km.
  • La voiture a été rachetée par procuration. Cela a permis de garder le numéro d’immatriculation et les papiers d’origine.
  • La couleur Ophelia est un beige pâle ou blanc de brume.
  • La plaque-constructeur dans le compartiment moteur.
  • Les sièges sont encore recouverts de leur protection en plastique.
  • L’étiquette en papier avec le nom de la peinture n’a été que partiellement préservée. Mais le pot de peinture pour les retouches est comme neuf ! La société Helios vient de Yougoslavie.
  • La puissance du moteur OuZAM-331 est de 71 chevaux.
  • Ces plombs étaient posés par l’usine.
  • L’intérieur est dans des tons mêlant le noir et le gris.
  • L’autoradio est des plus simples, sans lecteur de cassette.
  • Les différents manuels qui étaient livrés avec la voiture.
  • Les enjoliveurs en plastiques étaient souvent volés. C’est pourquoi de nombreux propriétaires roulaient sans eux.
  • En termes d'ergonomie, la 2141 est la meilleure voiture soviétique.
  • Par le confort de ses places arrière, la Moskvitch pouvait rivaliser avec la Volga.
  • Le contenu du coffre : le cric, la trousse à outils et la roue de secours.
  • Voyez l’état des éléments de la suspension avant : la voiture est neuve !

Lu sur : https://www.drive2.ru/b/491016605271064812/
Adaptation VG

Tag(s) : #Faible KM, #Moskvitch, #Aleko, #2141, #Vidéo