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Staline n’aimait pas les deux portes.

« Debout! les damnés de la terre! Debout! les forçats de la faim! » chantait-on dans L’Internationale, l’hymne officiel de l’URSS dans les années vingt et trente. A une époque où le monde avait aboli l’esclavage, chaque homme avait acquis sa liberté et avait envie de jouir de cette nouvelle liberté de mouvement. En Union Soviétique, l’usine moscovite KIM – abréviation en russe de L’Internationale des Jeunes Communistes – a elle-aussi tenté de mettre les travailleurs et les kolkhoziens sur quatre roues.

La KIM-10 a été conçue dès le départ comme une voiture de masse destinée à être vendue aux particuliers. L’idée de « voiture du peuple » était apparue en URSS dès la fin des années 20 quand un jeune ingénieur, Konstantin Charapov, avait développé la NAMI-1. Mais celle-ci n’avait pas connu la production en série : le pays, en pleine croissance industrielle, ne disposait pas des capacités de production nécessaires et avait alors besoin plus de camions que de voitures particulières. De plus, à cette époque, les voitures particulières étaient encore considérées comme une « relique de la bourgeoisie » et le sentiment d’appartenance était indigne de l’homme soviétique.

Le 25 avril 1940, les premiers prototypes de la KIM-10 étaient prêts. Trois d’entre eux ont d'ailleurs participé au défilé du 1er mai sur la Place Rouge. Tout aurait donc été pour le mieux, si le principal personnage politique du pays, Staline, ne s’en était pas mêlé...

Lors du démarrage de la production, un journaliste des Izvestias visite l’usine. Il écoute les ouvriers, prend de photos et le 1er octobre est publié l’article faisant l’éloge de la fabrication de la première voiture soviétique de petite cylindrée. Mais cet article est publié alors même que la chaîne n’a pas vraiment démarré et surtout que la voiture n’a pas passé par la traditionnelle « inspection » du haut-responsable du pays. Staline exige donc de voir immédiatement cette voiture au Kremlin.

Staline y trouve immédiatement un défaut : sa carrosserie à deux portes. A la suite de cette présentation, Kouznetsov le directeur de l’usine KIM est jugé et condamné à dix ans de prison pour « tromperie du peuple soviétique » et on demande à ce que la voiture soit modifiée pour lui rajouter deux portes.

A en juger la maquette en photos, on a d’abord essayé de rajouter la deuxième paire de portes sans changer la forme et les proportions de la carrosserie. On remarque que la portière arrière intègre la moitié de l’aile arrière. Ensuite, cette idée est abandonnée et l’on commence à étudier une nouvelle carrosserie. Les portières sont mieux proportionnées, une troisième vitre latérale fait son apparition et la carrosserie est moins haute. Cette variante quatre portes reçoit le nom de KIM-10-52.

La production en série de la KIM-10-52 devait débuter le 1er août 1941 et on prévoyait d’en produire jusqu’à 50 mille exemplaires par an. Mais la guerre a commencé et ces chiffres ont perdu tout leur sens, tout comme le nombre de portières... Deux prototypes sont alors mis en lieux sûrs. Seul l’un d’entre eux a survécu jusqu’à nos jours, il est conservé au Musée Polytechnique de Moscou.

Après la guerre, le projet ne reprendra pas et au lieu de la KIM-10-52 c’est la production de la Moskvitch-400, copie de l’Opel Kadett allemande, qui est lancée. Pendant encore vingt ans, l’industrie automobile soviétique ne produira pas de voitures deux portes et c’est seulement sous Khrouchtchev et avec la ZAZ-965 Zaporojets que le mal sera réparé.

Lu sur : http://oldtimer.ru/retrospective/10412/
Adaptation VG

Tag(s) : #Histoire, #KIM, #URSS