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Renault qui a acheté 25% d’AvtoVAZ s’apprête à modifier l’aspect extérieur des modèles Lada auxquels nous sommes habitués. Les Français vont y installer des moteurs Renault, vont changer la transmission et pourrait même faire évoluer la forme de la carrosserie et des phares. Parallèlement de nouveaux modèles vont être développés et être commercialisés sous la marque Lada. Les moteurs français qui les équiperont seront fabriqués directement à Togliatti. Le plan de réforme du géant russe a été évoqué par Patrick Pelata, Directeur du Plan, du Produit et des Programmes de Renault lors d’une interview au journal russe « Izvestia ».

Q : Vous lisez les « Izvestia » ?
R : J’ai lu votre article portant sur l’accord signé avec AvtoVAZ. Je ne suis pas d’accord sur la manière dont vous jugez notre « Logan ».

Q : Oui mais cette voiture paraît particulièrement démodée.
R : La Logan est déjà produite dans plusieurs pays. C’est une voiture totalement nouvelle. Je suis d’accord qu’extérieurement elle n’est pas trop attrayant, mais sa plateforme technique est tout ce qu’il y a de plus moderne. Plusieurs modèles ont été créés sur cette plateforme. En Europe Occidentale, la Logan MCV est très populaire. La Logan est vendue dans le monde entier, y compris en Inde, au Brésil, en Argentine et bientôt en Arabie Saoudite.

Q : Vous avez acheté une minorité de blocage chez AvtoVAZ. N’allez-vous pas rebaptiser « Lada » en « Renault » ? Ou même en « Logan » ?
R : Non, nous voulons conserver l’individualité de la marque commerciale « Lada ». Le rôle de Renault consistera à aider AvtoVAZ à renouveler son appareil productif et apporter de nouvelles technologies. Nous sommes prêts à apporter nos plateformes, nos moteurs, nos transmissions. Mais les décisions et la politique de développement des modèles resteront entre les mains d’AvtoVAZ. Il est très important pour elle de renouveler sa gamme.

Q : Est-ce que cela signifie par exemple que la Priora sera équipée de moteurs et de transmission Renault ?
R : C’est tout à fait possible. AvtoVAZ a besoin de renouveler ses moteurs, pour les adapter à la norme Euro-3, et ensuite à la norme Euro-4. Et les moteurs que nous prévoyons de produire ensemble à Togliatti seront même prêts à satisfaire les futures normes Euro-5.

Q : Mais vous ne pensez pas cesser la production des 2105, des 2106 (*) et 2107. Nombreux sont ceux qui les trouvent dangereuses même si elles sont bon marché.
R : La décision dépendra d’AvtoVAZ. Pour nous il existe deux directions dans notre collaboration. La première est de moderniser les modèles existants et corriger leurs défauts. La deuxième c’est l’élaboration d’une nouvelle voiture, qui pourra assurer l’avenir de la marque Lada. Il est possible que les deux directions soient suivies en parallèle.

Q :  Et pourrions améliorer l’apparence des modèles existants ? Par exemple, la Piaterka (2105) ?
R : Oui et non. Nous pouvons radicalement améliorer la Lada. Changer la forme de la carrosserie, les vitres. Mais il y a des choses que nous pourrions difficilement corriger.

Q : Par exemple ?
R : Par exemple la taille des roues. Dans le design moderne, la taille des roues joue un rôle important. Mais il est difficile de les augmenter sur les modèles existants. De même que la baie de pare-brise : pour la déplacer légèrement vers l’avant et rendre le pare-brise moins vertical, il faudrait faire des changements profonds à la structure. Dans ces conditions autant redessiner complètement une voiture. Il arrive pourtant qu’on obtienne un bon dessin sur une voiture à la plateforme ancienne.

Q : Imaginons que vous augmentiez malgré tout la taille des roues, incliniez un peu plus le pare-brise, arrondissiez les angles. Ne perderions nous pas la principale qualité des Lada, leur faible prix ?
R : Nous avons examiné en détail cet aspect et nous considérons que la voiture doit rester accessible. Mais elle doit être de qualité et fiable.

Q : Chez AvtoVAZ il y a des problèmes avec les syndicats qui demandent des augmentations de salaires. Comment allez-vous traiter cette question ?
R : Renault soutiendra par tous les moyens AvtoVAZ, mais cela dit AvtoVAZ reste une société indépendante. La direction doit faire face à un problème classique, qui survient lors dans une période de renaissance de la société. Pour commencer il faut augmenter la qualité et la productivité du travail. Si cela réussit, alors la croissance reviendra. Cela entraînera des créations de postes et de meilleurs salaires. Mais tant que la croissance ne sera pas là il n’y aura pas de résultats. Je pense que la direction d’AvtoVAZ, comme n’importe qu’elle autre direction de fabricant de voiture dans cette situation réussira à sortir de cette crise et de manière efficace.

Q : Les plus grandes compagnies mondiales – General Motors, Fiat, Magna -  se sont battues au sujet d’AvtoVAZ. Pourquoi l’avez-vous remporté ? Avez-vous proposé plus ?
R : Je ne sais pas quelles propositions avaient été faites par GM, Fiat ou Monsieur Deripaski. Comme nous l'ont dit notre partenaire, nous avions le meilleur plan pour la reconstruction et la renaissance de la compagnie avec la préservation de son individualité. C’est une longue histoire. Il y a un an et demi, 40 de nos collaborateurs ont pris l’avion entre Paris et Togliatti pour rencontrer les chefs d’équipe et mettre à jour les manquements de production. Nous avons travaillé ensemble pendant 18 mois, avons étudié et fait diverses propositions pour résoudre les problèmes. C’est ce qui nous assuré la victoire. En ce qui concerne le montant de l’accord, il est d’environ 25% du prix du marché d’AvtoVAZ.

Q : Et combien d’argent faudra-t-il investir pour assurer votre plan de reconstruction ? On a avancé le chiffre de 3,5 milliards de dollars...
R : Pour l’instant ce n’est pas encore clair. Il est encore trop tôt pour avancer des chiffres.

Q : Quand vous avez pris la décision d’investir dans une compagnie russe, n’avez pas eu des craintes quant à l’adoption en Europe de lois contre les investisseurs russes ?
R : Nous pensons que la Russie est devenue un pays parfaitement intégré à l’économie mondiale. Cela inclut la protection de investissements. La Russie commence à faire son trou dans le système de production mondial et des investissements mondiaux. Les exportations et les importations ont lieu librement et répondent aux besoins du pays. C’est pourquoi nous sommes au seuil d’une alliance avec AvtoVAZ. Nous voyons que la Russie est un pays à croissance rapide. Je l’ai remarqué particulièrement à Moscou, où je viens depuis plusieurs années et où je note à chaque fois des changements dans l’aspect de la ville.

Q : Patrick, de nombreux étrangers sont sûrs qu’avant d’investir en Russie, il faut absolument obtenir le soutien du Kremlin. Avez-vous été au Kremlin avant de signer le contrat ?
R : Non parce que j’espère que Monsieur Chemezov, avec qui nous avons signé le contrat, s’occupera de cet aspect. C’est dans le champ de responsabilité de la direction d’AvtoVAZ.

(*) Voilà un journaliste bien au courant ! La production de la 2106 a cessé fin 2005 !!!

Lu sur : http://www.izvestia.ru/auto/article3112462/?print
Adaptation VG

Tag(s) : #Lada, #Renault, #Reprise-R, #Interview